Les quatre mis en cause, tous habitant Beni Amrane, sont suspectés de participation indirecte à l'attentat et de non-dénonciation d'activité terroriste. Boumerdès. De notre bureau Quatre personnes sur les 21 interpellées suite à l'attentat à la bombe perpétré le 8 juin dernier contre les employés de l'entreprise française Razel, qui avait coûté la vie à un ingénieur français et à son chauffeur (algérien) ont été mises sous mandat de dépôt. Deux travaillaient comme gardiens au siège de l'entreprise, à Beni Amrane, et deux autres étaient des ouvriers du chantier de restauration du tunnel de Ammal, endommagé trois mois auparavant suite au télescopage d'un train transportant du carburant et d'une locomotive circulant en sens inverse. Les quatre mis en cause, tous habitant Beni Amrane, sont suspectés de participation indirecte à l'attentat et de non-dénonciation d'activité terroriste. Ces arrestations en ont surpris plus d'un dans la commune de Beni Amrane, où des pétitions de soutien attestant de la « bonne conduite » d'au moins deux des quatre inculpés circulent, déjà signées par plus de 120 habitants. Le cas qui a le plus surpris et suscité un élan de sympathie est celui de Arrous Mourad, fils du délégué de la garde communale de la daïra de Thenia, un patriote engagé dans la lutte antiterroriste depuis 1994. En effet, Arrous Lounès, qui a aussi exercé durant longtemps comme chef de détachement de la garde communale de Beni Amrane, nous a déclaré à ce sujet : « S'il planait le moindre soupçon au sujet de la conduite de mon fils, je l'aurais menotté moi-même et remis aux forces de sécurité. Je suis sur le terrain de la lutte antiterroriste depuis 14 ans, je fais partie des 6 premiers patriotes qui ont formé le premier noyau de résistants à Boumerdès. Je suis sûr et certain que mon fils a été arrêté et mêlé à cette affaire pour des considérations dont je ne saisis pas la portée. » Pis, il fait des révélations pour le moins fracassantes : il dit avoir lui-même interpellé les forces de sécurité sur une présence terroriste aux alentours du siège de Razel, une semaine avant l'attentat. Il précise que le 29 mai dernier, vers 2h, son fils Mourad, de service cette nuit-là, l'appelle pour l'alerter sur la présence de terroristes à proximité du siège de l'entreprise française. « Il m'a demandé le numéro de la brigade de gendarmerie afin de les appeler. Je le lui ai donné et j'ai moi-même appelé la brigade, leur signalant le danger. J'ai par la suite appelé un responsable militaire local. Il y eut une mission de reconnaissance de l'armée et vers 4h 30 j'ai reçu un appel d'un responsable militaire local me grondant, lequel a aussi vilipendé mon fils et les autres gardiens, nous reprochant d'avoir donné une fausse alerte. Je précise que cette nuit-là, les tentatives des gardiens, dont mon fils, de joindre la brigade de gendarmerie de Beni Amrane au téléphone ont été vaines. Trois ou quatre jours plus tard, on m'a signalé des terroristes qui rackettaient les gens au niveau d'un restaurant, dans le même périmètre, près de la gare ferroviaire de Beni Amrane. J'ai encore une fois alerté les forces de sécurité et le même responsable m'a répondu que ce devaient être des bandits de Beni Amrane. » Ce patriote, qui dit ne « jamais accepter que l'honneur de (sa) famille soit souillé parce que c'est une famille qui mérite une reconnaissance de bravoure », trouve disproportionnée la mise sous mandat de dépôt de son fils car « on ne dispose d'aucune preuve tangible pouvant conduire à l'inculpation de mon fils qui, à l'âge de 15 ans, avait remis aux forces de sécurité un fusil automatique et 125 balles qu'il avait trouvées sur le chemin de l'école, lui qui a toujours une balle dans la poitrine suite à un attentat visant ma famille ».