Deux attentats à l'explosif contre des convois de l'ANP ont été perpétrés en moins de vingt-quatre heures à Azeffoun et à Azazga, causant la mort d'un militaire et blessant huit autres. La région a vécu un week-end infernal, entre des ratissages qui se poursuivent avec l'appui des hélicoptères et des attentats à la bombe ciblant les forces antiterroristes. Tizi Ouzou : De notre bureau Jeudi dernier, vers 18h, une bombe a explosé au passage d'un convoi militaire près du village Issoumathène, sur la RN73, à une dizaine de kilomètres au sud d'Azeffoun. Un militaire a été tué et deux autres blessés par la déflagration de l'engin artisanal enfoui sous terre et actionné à distance selon le même mode opératoire utilisé par les terroristes. Cinquante kilomètres plus au sud, moins d'une journée plus tard, un deuxième attentat a été perpétré dans les mêmes circonstances. Un convoi de l'ANP, se dirigeant vers Yakouren, a été la cible d'une attaque à la bombe, sur la RN12, à moins de 2 km de la ville d'Azazga. Deux engins artisanaux ont explosé en milieu de journée à quelques minutes d'intervalle, à une cinquantaine de mètres de l'hôpital de la ville. Six soldats ont été blessés dans l'attentat et transportés à l'hôpital tout proche avant d'être évacués vers l'unité de santé militaire à Bordj Ménaïel. L'un des camions de l'ANP a été endommagé dans l'attaque, ce qui a entraîné l'immobilisation du convoi militaire pendant plusieurs heures. La circulation automobile a été interrompue sur la route nationale durant l'après-midi et la police scientifique a été dépêchée sur les lieux de l'attentat. Les deux bombes enfouies sous terre, au bord de la route, ont été actionnées à distance au passage des véhicules de l'armée. A noter qu'il n'y a pas eu d'accrochage après les explosions des bombes, à Azazga comme à Azeffoun, ce qui laisse supposer que les terroristes ont préféré prendre le minimum de risques en tentant de causer des dégâts en actionnant leurs engins à distance. Ce moyen d'action terroriste a finalement survécu à la désactivation annoncée il y a plusieurs mois des puces de téléphone anonymes. Le retour des attentats à l'explosif contre les convois des services de sécurité montre que les groupes islamistes affiliés à Al Qaïda se sont réapprovisionnés en explosifs et détiennent encore les moyens techniques pour mener leurs opérations. L'attentat, ayant été perpétré en plein jour dans le périmètre urbain d'Azazga, a accentué le climat d'insécurité dans la localité, d'autant plus qu'il survient un mois après une descente nocturne dans un bar pratiquement au même endroit. Dans la nuit du 11 juin dernier, un important groupe armé, une quarantaine, selon des témoignages, avait assiégé un bar-restaurant à la sortie de la ville d'Azazga, sur la route de Yakouren. Les assaillants étaient restés à l'intérieur et aux alentours du local, soumettant au contrôle et au sermon l'ensemble des présents. Les terroristes ont revendiqué leur appartenance à Al Qaïda et distribué des CD de leurs attentats et de leurs prêches. En s'affichant près de la ville d'Azazga qui avait connu une période d'accalmie depuis près d'un an, les terroristes ont lancé un véritable défi aux services de sécurité qui ont multiplié ces dernières semaines des opérations de ratissage dans divers maquis de la localité. Les massifs forestiers près de Bouzeguène, à une trentaine de kilomètres au sud de Azazga, ont connu la semaine dernière une intense opération militaire, où des hélicoptères de combat ont été utilisés pour pilonner un large périmètre du massif de l'Akfadou. Cet engagement militaire a été lancé suite à des informations faisant état de mouvements suspects près des villages situés en lisière du maquis. Des individus inconnus, portant des sacs mais sans armes apparentes, passaient leur chemin sans s'adresser à la population. Ce sont des processions éparpillées de la phalange Al Ansar, opérant dans les maquis de l'Akfadou, de Tamgout, d'Aït Chaffaâ, jusqu'à Mizrana. Le nom de l'émir de cette katiba qui terrorise actuellement le centre de la Kabylie n'est pas encore connu. L'ex-émir, Mourad Mesrour, alias Laouer, a été abattu par l'ANP dans la forêt de Mizrana en mars dernier. Son prédécesseur, Ben Touati Ali, alias Abou Temim, s'était rendu aux services de sécurité en janvier dernier. Il avait lancé à ses anciens comparses un appel à la reddition. Ces derniers n'ont fait que redoubler de férocité, en suivant la stratégie militaire, implacable et dévastatrice, adoptée depuis l'affiliation du GSPC à Al Qaïda, de concentrer leurs attaques sur les services de sécurité. Le terrorisme islamiste réussit à maintenir des réseaux de soutien logistique et de renseignements indispensables pour mener des opérations d'éclat et parfois meurtrières.