La rencontre avec les présidents d'APC que présidera ce matin le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la coupole du 5 Juillet, est diversement appréciée par les partis politiques, même si tout le monde y participe, à l'exception du FFS. Si pour certains, cet événement revêt une importance « capitale » vu l'intérêt que lui accorde le premier magistrat du pays, d'autres ne l'entendent pas de cette oreille et estiment que le président de la République n'a pas pour vocation de réunir ni de donner des instructions aux présidents d'APC qui sont sous la coupe du ministère de l'Intérieur. Hormis le RCD et le FFS, tous les autres partis politiques qualifient de « nécessaire et d'utile » l'implication du président de la République dans la gestion des affaires des citoyens. Et c'est aussi le point de vue de certains observateurs qui estimant que le fonctionnement des assemblées et la gestion des besoins de la population sont loin d'être satisfaisants et méritent à cet effet une halte. Les maux qui gangrènent les assemblées locales depuis de longues années doivent être éradiqués et appellent à une correction à la base. Le Président, selon nos interlocuteurs, interviendra justement pour donner des orientations et faire des recommandations aux maires. Toutes les formations politiques ont autorisé les premiers responsables de leur APC à prendre part à la session de formation ayant pour objectif principal l'amélioration du rendement de ces dernières à travers leur dotation en moyens humain et financier et aussi le souci d'une mise à niveau de leurs connaissances quant aux missions et responsabilités réelles qu'impliquent leurs fonctions. Et au-delà, réinstaurer la relation de confiance, depuis longtemps perdue, entre l'élu et l'électeur. Cependant, tous les élus de ces partis politiques seront aujourd'hui au rendez-vous prévu à la coupole du 5 Juillet, mis à part ceux du parti de Aït Ahmed.Le RCD, qui sera présent à cette réunion, apporte toutefois sa propre critique quant aux animateurs de cette réunion. La formation de Saïd Sadi se demande si la gestion des Assemblées communales fait désormais partie des prérogatives du chef de l'Etat. Le président réunira les maires pour leur dire quoi et pour faire quoi au juste ? Le RCD doute « La convocation des maires relève-t-elle des prérogatives du chef de l'Etat ? Dans ce cas, quel est le rôle du ministre de l'intérieur ? », s'est interrogé M. Khendek, qui constate encore une fois l'absence d'une vision claire par rapport à la gestion du pays. « L'amalgame qui est fait entre les prérogatives des uns et des autres illustre parfaitement cet état de fait », s'est exclamé notre interlocuteur, en se lançant dans une série de questionnements. « Que va dire le chef de l'Etat aux présidents d'APC qui ont plus besoin de formation et d'aide conséquente, qu'elle soit morale ou matérielle, afin de répondre aux attentes de leurs citoyens ? », s'est demandé M. Khendek, estimant que si le chef de l'Etat doit insister sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, ce travail doit être fait d'abord au niveau du sommet de l'Etat pour qu'il serve de modèle aux différents responsables à tous les niveaux... Soixante-douze présidents d'APC, appartenant au RCD, ont suivi la formation en question. Pour le parti de Ahmed Ouyahia, la convocation des élus locaux par le chef de l'Etat est une initiative louable. C'est une opportunité, selon Miloud Chorfi, pour M. Bouteflika de donner des orientations et de faire des recommandations pour rehausser le travail des maires. Pour M. Chorfi, le chef de l'Etat n'a pas innové en la matière puisque le défunt Houari Boumediène avait procédé de la même manière. De son côté, M. Taâzibt du PT pense que le Président veut instaurer une tradition dans le domaine à l'instar de celle établie avec les walis. « Nous n'allons pas boycotter une telle rencontre même si l'on ignore ses visées, ni ce que va dire le chef de l'Etat », a déclaré le représentant du PT, qui a tenu à préciser que sa formation organise systématiquement des cycles de formation à ses élus. Le MSP et le FLN se félicitent quant à eux du fait que l'Etat se penche sur le dossier des élus et décide d'organiser des formations qui seront couronnées par l'intervention du chef de l'Etat. « Les élus locaux ont besoin de l'appui des hautes instances du pays », a soutenu M. Tabal du MSP. Enfin, le FFS a décidé de boycotter la réunion d'aujourd'hui. Cela étant dit, il n'est pas exclu que le chef de l'Etat profite de l'occasion pour aborder les questions liées à la gestion des APC, notamment la révision des codes communal et de wilaya et le nouveau découpage administratif. Ce texte est en phase de finalisation et devrait être soumis au Parlement dès la prochaine session. Cette nouvelle mesure vise à assurer un découpage « équilibré » des communes au niveau des wilayas et à réduire les distances entre les communes pour une meilleure gestion de proximité.