Pour le président-directeur général, Mostefa Mohammedi, avec lequel nous nous sommes entretenus, les préoccupations des cadres navigants sont légitimes, mais il précise qu'une nouvelle stratégie de gestion a été mise en place pour concrétiser les recommandations du bureau d'études étranger, sollicité pour un diagnostic. Il reconnaît que des anomalies et des dysfonctionnements ont été relevés, soulignant qu'ils « vont être corrigés au fil du temps avec le nouveau plan de réorganisation dans lequel s'est engagée la compagnie ». M. Mohammedi, entouré de son staff administratif et du représentant du syndicat d'entreprise, a estimé que cette situation est la conséquence de la vétusté des navires et de la concurrence dans le domaine du transport pétrolier maritime. « Il est vrai que nous sommes une filiale de Sonatrach, mais nous n'avons pas le privilège du monopole sur ce domaine. Sonatrach choisit le transporteur selon les offres du marché. Les sociétés internationales concurrentes, qui ont une flotte plus récente, peuvent être prioritaires par rapport à nous. C'est pour cette raison qu'un plan de renouvellement des navires est en cours. Il nous permettra d'ici à 2012 d'acquérir une flotte moderne ayant une capacité plus importante. Les acquisitions se feront soit dans le cadre du partenariat, soit sur fonds de l'entreprise. » Le responsable indique que le plan de l'investissement naval concerne l'acquisition du navire Cheikh Bouamama de 75 500 m3, sistership du méthanier Cheikh El Mokrani (réceptionné en juillet 2007), dont la livraison est prévue avant fin 2008, par le chantier naval japonais Universal shipbuilding corporation (USC). Il est financé à parts égales entre Sonatrach et sa filiale Hyproc Shipping Company pour la partie algérienne et les partenaires japonais Itochu et Mol. Le Medmax sera affrété par Sonatrach pour une durée de 20 ans. Dans le même contexte, le groupe Sonatrach augmentera ses parts de marché grâce à la commande, en 2007, de deux autres méthaniers de taille géante, type AtlanticMax de 165 000 m3. Avec l'acquisition de ces trois méthaniers, le potentiel de transport de GNL de Hyproc SC passera de 894 000 m3 à plus de 1300 000 m3, soit une hausse de 45% à l'horizon 2011. « Ces investissements vont faire augmenter considérablement les capacités de la compagnie. Ce qui demandera le renforcement du personnel navigant et une meilleure rémunération. » A ce sujet, le PDG de Hyproc reconnaît que les salaires des cadres navigants restent bas par rapport à ceux de leurs collègues étrangers. Néanmoins, il précise que tout « est relatif » dans ce domaine. « Par exemple, un Européen ou un Américain trouve qu'un salaire de 10 000 euros est faible par rapport au niveau de vie de son pays. Mais, pour un Asiatique, 6000 euros c'est un salaire de rêve, parce que le niveau de vie dans son pays est bas. Alors, c'est vrai que comparativement aux salaires proposés par les compagnies étrangères, les revenus de nos cadres sont très bas. Mais il faut le considérer par rapport à notre niveau de vie. Il faut reconnaître, cependant, qu'il y a une forte demande sur ce personnel, au niveau international, du fait de la flambée de la production des produits gaziers et pétroliers. Il est plus rentable pour les grandes compagnies de recruter des états-majors formés et expérimentés en leur offrant des salaires intéressants que d'investir dans leur formation. Nous sommes conscients de cette réalité et nous avons engagé une réflexion sur le principe de revalorisation des revenus, mais aussi des avantages sociaux. Dans le but de retenir nos cadres, mais aussi de permettre à ceux qui sont partis de revenir… » M. Mohammedi explique que cette stratégie repose sur les réalités de l'entreprise. Selon lui, le principe est de maintenir un salaire fixe auquel sont ajoutées des primes qui peuvent multiplier le revenu. « Cette plus-value sera accompagnée des avantages liés aux conditions de travail. Mais il est important de signaler qu'elle ne peut être accordée à tout le monde. Seul le personnel navigant qui affiche un rendement signifiant et qui réalise l'objectif assigné par la compagnie en bénéficiera. Notre trésorerie est très limitée, vu les investissements engagés. Il est donc important d'arriver à un équilibre. » Pour ce qui est de la « considération » des cadres, M. Mohammedi s'est déclaré très sensible à cette revendication. Pour lui, la réorganisation de la gestion des ressources humaines, actuellement en cours, va changer complètement la situation. « Le personnel navigant sera géré par le maning, c'est-à-dire par l'armement, qui sera, lui, dirigé par des responsables de la profession. Les nouvelles activités que nous allons lancer vont être rentable pour la compagnie, mais pour cela il faut un personnel qualifié et mobilisé. Nous sommes conscients que tout repose sur cette catégorie professionnelle à laquelle il faut accorder le plus de considération, à travers un salaire à la hauteur du labeur. » M. Mohammedi précise, néanmoins, que si le principe d'augmenter les revenus des états-majors de Hyproc est acquis, la manière dont cette mesure sera appliquée n'est pas encore déterminée. Elle le sera d'ici au 15 août, après des négociations avec le propriétaire, en l'occurrence Sonatrach. Ce qui laisse les syndicalistes très méfiants, d'autant qu'ils se battent pour leurs revendications depuis plus de trois ans déjà.