L'incinération d'une partie de la décharge de la cité Berrel Salah par des citoyens inconscients, la veille du 2 février 2008, a été à l'origine de 16 cas d'asphyxie. L'évacuation, in extremis, des victimes par les éléments de la Protection civile vers le service des urgences de l'hôpital régional de Souk Ahras leur a évité le pire. L'événement n'a malheureusement pas réussi à produire l'effet électrochoc, malgré sa gravité. L'amoncellement des détritus à la rue Abbès Laghrour, à la cité Laghirou, aux quartiers tentaculaires de Mezghiche, Laâlaouia et Ahmed Loulou continue de susciter moult interrogations quant aux « priorités » des gestionnaires. Eux, qui aiment à seriner en guise de parade avec la dialectique, ô combien simpliste, de la position de la charrette par rapport aux bœufs. Les odeurs pestilentielles, la prolifération des moustiques et des rongeurs, voire des serpents venimeux au lieudit Djebanet Lihoud ne sont que « rumeurs et affabulations », aux dires de certains. A Chaâbet Atka, dans la commune de Merahna, des produits extrêmement toxiques y sont déversés par les camions à bennes pour être ensuite brûlés sans respect aucun pour les mesures élémentaires de la protection de l'environnement. Des citoyens, notamment ceux du chef-lieu de la wilaya, se plaignent de l'apparition, depuis quelques années, de maladies respiratoires, allergies et migraines chroniques. A Aïn Seynour, l'une des agglomérations les plus importantes de la commune de Mechroha, une association locale a tiré la sonnette d'alarme à maintes reprises sans trouver bon entendeur du côté des élus. Son président, Ali Selaïmia, n'a jamais cessé de mette en relief la vocation touristique de la région et l'importance de la faune et la flore existante qu'il qualifie d'ailleurs de poumon de la région. Des décharges sauvages y sont improvisées dans une indifférence inquiétante. Sédrata, la deuxième daïra de Souk Ahras, n'est pas mieux lotie dans le domaine. La cité communale avec ses immondices qui jonchent le sol à longueur d'année, celle des 80 logements où les eaux stagnantes ont transformé les caves en lieux de prédilection pour les grenouilles et autres insectes ou encore celle de Khadraoui Ahmed où l'on fait peu cas de l'assainissement, donnent un décor hideux à une ville millénaire qui aspire au statut de chef-lieu de wilaya. Au rythme où sont simplifiés les problèmes de santé publique, l'on risque de ne point ménager la charrette, et pis encore, de sacrifier les bœufs sous l'autel de l'indifférence.