Le référendum sur l'amnistie générale, proposé par le chef de l'Etat, à l'occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de la Révolution du 1er Novembre, sera l'aboutissement logique d'un processus politique entamé durant le premier mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Telle que conçue par le premier magistrat du pays, l'amnistie sera l'étape suprême de la réconciliation nationale. Néanmoins, au-delà des voies et moyens qui permettront la concrétisation de ce projet, ce sont plutôt le contenu, les limites juridiques et les bénéficiaires de cette mesure qui constituent d'ores et déjà matière à polémique. D'ailleurs, les réserves émises par les acteurs politiques et les organisations de la société civile s'expliquent en partie par le flou qui caractérise les intentions du président. Contrairement à la grâce, l'amnistie, de l'avis des juristes, efface totalement l'infraction. Pour Me Brahimi, « les condamnés amnistiés vont, dans ce cas, se retrouver dans le costume de personnes qui n'ont jamais été condamnées pour quoi que ce soit ». Le président vise-t-il uniquement les personnes et les faits liés à la guerre civile vécue par le peuple algérien durant la dernière décennie ? A l'heure actuelle, le président n'a pas encore soufflé mot sur le profil des personnes qui pourraient, le cas échéant, profiter du pardon du peuple. Ceux qui ont commis des génocides à Raïs, Bentalha... seront-ils concernés par cette mesure ? « Pour les juristes du monde entier, les crimes contre l'humanité ne sont pas amnistiables », a affirmé Me Brahimi en précisant que le code algérien n'a pas abordé le cas des crimes contre l'humanité. D'autres observateurs se sont montrés par ailleurs circonspects quant aux limites de cette amnistie. Pour eux, si une telle mesure se fait aux dépens de la mémoire des victimes, elle donnera lieu à bien des complications. Notons qu'une telle démarche n'a jamais été adoptée en Algérie, contrairement à la grâce.