Mais, aujourd'hui, le climat sécuritaire et politique, marqué, il faut bien l'admettre, par un retour perceptible à la paix civile, permet au moins à l'idée d'être lancée, dans le cadre d'un débat contradictoire, qui promet à coup sûr d'être passionné. Le président de la République a choisi la veille de la célébration du cinquantième anniversaire du déclenchement de la Révolution, un moment propice à l'introspection collective, pour proposer un autre “défi” au peuple algérien : une amnistie générale ! Il y a quelques années, la simple allusion à cette idée pouvait valoir à son auteur tous les anathèmes et toutes les suspicions possibles. Et pour cause. Mais, aujourd'hui, le climat sécuritaire et politique, marqué, il faut bien l'admettre, par un retour perceptible à la paix civile, permet au moins à l'idée d'être lancée, dans le cadre d'un débat contradictoire, qui promet à coup sûr d'être passionné, tant les plaies de la “décennie rouge” sont encore ouvertes. Le président Abdelaziz Bouteflika, lui-même, est le premier à en convenir. Raison pour laquelle il a pris la précaution d'avertir que cette amnistie générale “n'est pas une priorité”. D'où la nécessité d'un travail pédagogique, inscrit fatalement dans la durée. Le temps pour les victimes de cette horrible tragédie, qui charrie dans son sillage plus de deux cent mille morts en plus du traumatisme psychologique collectif qu'elle a généré, comprendra qu'on n'y coupera pas, de toutes les façons. S'ensuivra en aval le processus de promotion du projet de référendum. Car le président, refusant de prendre sur lui seul, veut impliquer tout le peuple algérien, dès lors qu'il s'agit d'une question de souveraineté. Comme la loi sur la Concorde civile. Sauf que pour l'amnistie générale, qui signifie tourner la page, il faut que chacun soit identifié pour ce qu'il était pendant cette décennie tragique. Car l'histoire pour sa part, ne tolérera pas les amalgames qui consistent à loger les victimes et leurs bourreaux à la même enseigne N. S.