S'il est des communes qui font dans un semblant d'animation nocturne pour ne pas dire dans le tapage d'autres ne jugent pas utile d'intégrer dans ces longues soirées estivales un programme à même de permettre aux administrés de décompresser. Hormis l'activité footballistique qui empiète sur certains espaces publics, l'agitation by night qui s'empare des kiosques de boustifaille à Bab El Oued, Draria, Staouéli ou Bordj El Kiffan et la musique à grands coups de décibels qui brise le calme des habitants de la Grande Poste, les gens n'ont pas l'embarras du choix pour pouvoir aller humer un autre air, prendre leurs aises dans une terrasse ou se dégourdir les jambes le long d'un boulevard dans un meilleur décor. Et pourtant, la côte littorale est censée se défaire de son triste habit pour se parer de ses plus beaux atours en période d'été. Mais nos édiles, qui répètent à l'envi qu'ils n'ont pas les coudées franches pour prendre le taureau par les cornes, se complaisent dans l'expectative. Ils se contentent de la dèche qui caractérise la géographie urbaine qu'ils administrent, se cantonnent dans leur petitesse et sont toujours à court de vision. N'y a-t-il que la musique pour égayer nos soirées mornes et sans relief ? Pourquoi ne pas organiser dans certaines esplanades, comme El Kettani, des activités artistiques destinées à mettre en valeur des talents en herbe dans l'art visuel, faire découvrir des jeunes qui excellent dans l'exercice artisanal ou théâtral ? Pourquoi s'entêter à cloisonner les arts et la créativité dans des lieux consacrés et forcément sélectifs ? Serait-il incommode de créer des espaces de rencontres en plein air, où le large public est invité à côtoyer un langage profane, voire ne pas se fermer dans l'abscons ou l'hyper-spécialisation ? Serait-il malvenu de mettre en place des spectacles que déclinent auteurs de pantomime, de saltimbanques et autres solistes devant un public bienveillant ? D'aucuns me rétorquent que la ville d'Ibn Mezghenna n'est pas Djamaâ El Fna de Marrakech ou la Rambla de Barcelone… De même que les pouvoirs publics éprouvent les pires difficultés à dénicher une assiette foncière pour des besoins plus urgents, affirment d'autres à la décharge des premiers magistrats de commune qui viennent de boucler leur cycle de formation. Sauf qu'il n'est pas difficile de sortir la cité de sa torpeur avec un soupçon d'initiative, un brin d'inspiration et un zeste de volonté.