Le cinéma africain traverse-t-il le désert en ce moment ? C'est probablement une mauvaise passe sans conséquences. Mais les choses vont mal, à en juger par trois productions présentées ici dans la section « ici et ailleurs ». Locarno (Suisse) : De notre envoyé spécial Trois films sans originalité, sans intérêt et qui relèveraient plutôt d'un calcul pas très habile (les producteurs coréens payent et on fait n'importe quoi). C'est en effet le Festival international de Joenju en Corée du Sud qui confie chaque année à trois cinéastes tous les moyens pour faire trois courts métrages en format digital. En 2008, c'est le tour de l'Afrique et on ne sait par quel hasard, Mohamed Salah Haroun du Tchad, Idrissa Ouedraogo du Burkina Faso et Nacer Khemir de Tunisie ont été choisis. Mauvais choix : tous les trois ont fait leur film et c'est le talent qui a manqué à l'appel. Les trois films présentés au Festival de Locarno ont hélas, une chose en commun : une nullité totale. Dans Expectations, Haroun montre un homme qui rentre au village après avoir échoué dans son voyage et trahi les gens qui lui ont confié leur argent. Sur un mode très pesant, naïf, médiocrement filmé, le travail de Haroun ne laissera aucun souvenir. Pourtant cinéaste prometteur, Idrissa Ouedraogo n'a rien trouvé de mieux que de filmer la petite histoire minable d'une femme qui épouse un riche, mais qui aime un autre (le duo assassine le mari) : un mauvais Agatha Christie. A fuir ! Dans The Alphabet of my mother (titre grandiloquent pour un film raté), Nacer Khemir, qui d'ordinaire fait preuve d'une écriture plus originale, fait donc le portrait de sa mère restée en Tunisie et ajoute le sien demeurant à Paris… Fatiguant ! Le cinéaste tunisien parait béat d'admiration sur lui-même et oublie sa mère et son projet initial… Un projet qui se fissure et n'avance pas. Bref, dans tout cela, les Coréens ont payé pour pas grand-chose.