Le torchon brûle entre la Société de gestion des participations de l'Etat des mines (Somines) et Lakhdar Mebarki, président directeur général (PDG) de l'entreprise nationale du fer et du phosphate, Ferphos, basée à Annaba. Représentée par l'avocate, Mme Amari Habiba, en vertu d'une résolution de son directoire en date du 14 juillet dernier, la SGP mines porte, dans un document transmis à la rédaction, des accusations très graves contre le premier responsable de Ferphos. Une action en justice a été introduite par Somines à son encontre, est-il précisé dans le texte signé par l'avocate et portant l'entête de la SGP. Devant être relevé de ses fonctions, indiquent les gestionnaires de Somines, le PDG de Ferphos n'a pas été inquiété. La raison ? M. Mebarki qui, d'après la même source, « se targue d'avoir des introductions solides et (être) protégé en haut lieu » aurait été maintenu à son poste suite à l'intervention du secrétaire général du ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement. Cependant, relève la même source, « son maintien constitue une entrave au bon fonctionnement de la justice ». La liste des griefs retenus contre M. Mebarki est très longue. La plainte a été déposée pour « mauvaise gestion caractérisée, négligence grave ayant entraîné des pertes considérables à l'Etat, corruption de passation de marchés, usage illicite des biens de l'Etat, violation des règles et procédures de passation de contrats, détournement des objets de la société, dilapidation, dénaturation des faits et abus de biens sociaux ». Selon le document en question, les faits remontent à la période où Somines avait décidé de créer une société mixte du nom de Ferbat pour la construction de logements pour ses travailleurs et la commercialisation d'appartements et de commerces en vue de rentabiliser le groupe. Somines souligne que M. Mebarki aurait géré cette société « à sa manière et au profit de ses amis et notables de Annaba pour bénéficier de quelques appuis ». Ainsi, duplex et villas, révèle la missive de Somines, auraient été octroyés « à des amis dirigeants de filiales en violation des lois et règlements » et à « des connaissances externes, au point de voir certains bénéficier au nom de leurs proches de plusieurs appartements et commerces, et ce à des prix évidemment dérisoires, le tiers de ceux en cours ». L'affaire Ferbat Somines soutient que malgré ses protestations, le PDG de Ferphos n'aurait pas mis fin aux présumés agissements que lui reproche la SGP en « comptant sur des appuis de hauts responsables et certains de ses acquéreurs ». Les révélations sont encore plus graves. Selon toujours Somines, M. Mebarki aurait « prélevé des sommes considérables des autres filiales qu'il aurait injectées dans l'entreprise de construction, faisant même bénéficier la société privée partenaire des finances de l'Etat ». Selon la même source, M. Mebarki aurait « signé un contrat avec une société ukrainienne, pays d'origine de sa femme, dont le délai de réalisation était de 9 mois. A ce jour, le contrat n'est pas réalisé et la société ukrainienne a perçu non seulement l'avance prévue dans le contrat soit 1 800 930 euros, mais en plus, plusieurs autres millions d'euros. D'après Somines, le PDG de Ferphos aurait « signé des contrats de vente de phosphate avec des entreprises étrangères sous la formule du long terme privant le groupe d'éventuelles augmentations du prix sur le plan international ». Pour les responsables de Somines, les prix pratiqués sont inférieurs à ceux du Maroc et de la Tunisie, soit une différence de 60 à 80 USD, alors que « le produit algérien est de meilleure qualité ». Il aurait également, assurent les responsables de Somines, « confié des travaux de sous-traitance à la société STEM appartenant à sa femme, alors qu'il est le responsable de Ferphos. Les premiers contrôles ont permis de dégager une somme de 250 millions de dinars que sa femme aurait perçus » tout comme il aurait « délivré la somme de 1,5 million de dinars à un de ses administrateurs et ami pour une étude fictive ». Les responsables de Somines accusent M. Mebarki d'avoir fait « bénéficier ses administrateurs d'un second salaire injustifié en violation de la loi, et ce pour plusieurs mois ». Sur un autre chapitre, M. Mebarki, selon toujours les gestionnaires de Somines, aurait « autorisé l'ex-PDG d'une filiale de transport SOTRAMINES à signer une convention de 420 millions de dinars avec une autre entreprise de transport appartenant aux enfants de ce dernier sans aucun respect de la législation et de la réglementation en vigueur ». M. Mebarki serait accusé aussi de « trafic de bilan avec la complicité d'un commissaire aux comptes, un ami à lui, qui lui a trafiqué les bilans de la filiale Ferbat la rendant bénéficiaire alors qu'elle est déficitaire ». Précision de taille, ces informations d'après le communiqué de Somines ont été révélées par les contrôles internes et externes ordonnés par la SGP, ainsi que par les experts comptables et commissaires aux comptes. Elles seraient déjà entre les mains de la justice.