Les relations déjà difficiles entre le wali de Annaba et certains élus des communes et de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) ont peu de chances de s'améliorer dans les semaines et mois à venir. Rappelons que dès son installation, Zoubir Bensebane, wali de Annaba, avait marqué les limites que certains ne devaient pas franchir. Il a réitéré sa position d'une manière directe ou indirecte à chaque occasion comme pour souligner qu'il est l'ennemi de toutes les compromissions. Les premières réunions qu'il a provoquées ou auxquelles il a assisté et destinées à préparer un débat général sur l'orientation du développement local sont une démonstration de cette démarche unique en son genre à Annaba. M. Bensebane n'a en fait laissé aucune chance à certains élus et membres de son exécutif habitués à la rente. Au vu de son intransigeance à ne pas permettre des interventions hors sujet ou langue de bois et de sa manière forte à tancer publiquement les auteurs, le wali ne paraît apparemment pas être disposé à céder du terrain. Pourrait-il d'ailleurs faire autrement quand la rigueur dans la gestion de la wilaya lui est doublement imposée : par un contrat de performance qu'il aurait signé avec sa tutelle dans l'application du programme de relance économique ; par une meilleure prise en charge des préoccupations des populations livrées à elles-mêmes depuis cinq années. Tandis que des élus et ses proches collaborateurs se perdaient en conjectures, le wali poursuivait le tissage de sa toile tendant à assurer l'avenir de la wilaya. « Bon nombre de gens viennent dans mon cabinet pour me jouer le chant des sirènes », avait publiquement déclaré M. Bensebane lors d'une réunion au siège de la commune de Annaba. Quelques semaines après cette déclaration, il nomme à la tête de l'agence foncière un ancien entrepreneur de la wilaya de Guelma. On ne sait si ce dernier, ancien cadre du ministère de l'Habitat, a les compétences requises pour occuper un poste, dont l'implication dans l'élaboration des POS, PDAU, développement des investissements... est primordiale. L'opinion publique a aussitôt interprété cette nomination comme le résultat du chant d'au moins une sirène à la voix porteuse. Une autre des décisions du wali, du reste bien accueillie, fait l'objet de tous les commentaires. Elle concerne l'annulation de toutes les décisions d'attribution de terrains d'investissement et la prise en charge de la gestion du portefeuille foncier par les services des domaines. Ce qui n'a pas été du goût de nombreux bénéficiaires, dont celui des 20 000 m2 à Sidi Amar, du terrain initialement propriété de la BDL à Plaine-Ouest et de beaucoup d'autres, dont trois dans la seule commune agricole de El Eulma. Le wali aurait parallèlement montré un grand intérêt au projet de relance des investissements dans la zone d'extension touristique du Cap de Garde. Ces démarches du directeur de l'exécutif de la wilaya, dont on ne fait aucun mystère, ont valu à M. Bensebane le titre d'homme de la transparence. Mais pour consolider cette impression, la population annabie attend la mise à jour de quelques grands scandales ayant secoué la wilaya de Annaba ces dernières années : les attributions de terrain réalisées sur instructions verbales dans les coulisses de la wilaya, les factures relatives aux dépenses engagées dans le cadre des visites du président de la République à Annaba et la récente éviction du directeur général de l'agence foncière quelques mois à peine après son installation. Attendues également les explications sur la reprise bâclée et inachevée de l'allée de la plage Rizzi Amor ainsi que les suites accordées au flou qui, à El Hadjar, a caractérisé les aides qui devaient être distribuées aux familles nécessiteuses à El Hadjar durant le Ramadhan.