Les places publiques, les ruelles et les principales artères de la ville de Blida sont prises d'assaut par des jeunes et moins jeunes qui les transforment inexorablement en parkings informels. Prétextant un chômage endémique, armés de gourdins ou de cannes, classées à juste titre comme armes blanches, ils squattent, en toute impunité, tout espace public pouvant servir de lieu de stationnement automobile, obligeant les automobilistes à s'acquitter en monnaie sonnante et trébuchante dont ils fixent eux-mêmes le montant. Cette pratique illégale est tacitement tolérée, sachant qu'elle court au grand jour au vu et au su de tous. Ainsi, un délit non puni finit par devenir, par la force des choses, un droit dans l'esprit de celui qui en bénéficie indûment. Encouragés par cette impunité, ces gardiens improvisés n'ont aucun scrupule à détrousser, même sur fond de menace, tout automobiliste qui se hasarderait à garer son véhicule dans un espace transformé en leur chasse gardée. Pour ce faire, l'attirail de service consiste à disposer de muscles gonflés, d'un bâton et d'un langage approprié pour la circonstance pour faire frémir la victime. La suite se résume à un jeu d'enfant, sachant que chaque automobiliste qui s'immobilise, même pour un rien, est soumis, bon gré mal gré, à une obole d'au moins de 20 DA, payable sur l'ongle. Les rares récalcitrants se verront menacés et même insultés, situation qui dégénère souvent en rixe. Devant cette pratique qui ne repose sur aucune assise juridique, les pouvoirs publics se cantonnent dans un silence inouï et ces invétérés font avaler des couleuvres aux automobilistes le plus normalement du monde. La prolifération des parkings informels, activité amplement lucrative à l'échelle nationale, due principalement aux manques de parkings légaux, se compte sans doute parmi les métiers au noir les plus farouches à combattre pour mettre un terme au marché informel qui gangrène non seulement tous les secteurs d'activités, mais aussi porte préjudice à l'économie nationale.