Pour introduction par effraction dans un navire étranger et tentative d'émigration clandestine, 14 jeunes algérois ont été placés hier sous mandat de dépôt par le procureur près le tribunal de Annaba. Annaba. De notre bureau Agés de 21 à 35 ans, ces jeunes ont été surpris, la veille vers 10h par l'équipage du Viola, un bateau battant pavillon antiguais, au large des eaux territoriales algériennes. En provenance du port d'Alger, le navire a pris la mer quelques heures auparavant, à destination de Dubaï, où les 14 Algérois qui ont pu s'y introduire, se voyaient déjà sur les quais de ce pays de rêve. Ils n'avaient pas imaginé un seul instant que les temps ont changé avec des contrôles rigoureux par l'équipage de tout navire en partance ou en provenance des pays étrangers. Particulièrement après avoir réussi à « tromper la vigilance de la police maritime du port de la capitale » en se cachant dans des containers vides rangés sur le Viola. Ils étaient certains que la chance leur avait souri et qu'ils allaient rejoindre le monde heureux de Dubaï. Ils se doutaient encore moins du moment où ils allaient être débusqués après que le bateau antiguais eut appareillé. « En effet, nous avons été alertés par le commandant du Viola quant à la présence de plusieurs personnes étrangères à l'équipage. Après la fouille, nous avons pu débusquer 14 jeunes harraga d'origine algéroise. Il s'est avéré qu'ils ont embarqué à partir du port d'Alger où ce bateau antiguais accostait. Nous les avons arrêtés, auditionnés et présentés devant le procureur près le tribunal de Annaba qui les a placés sous mandat de dépôt », expliquera Zaïdi Abdelaziz, l'actif chef de la station maritime principale des gardes-côtes de Annaba. En ce qui concerne la sévère décision de placer pour la première fois des harraga sous mandat de dépôt avant même l'application de la criminalisation de cet acte, M. Zaidi abonde : « C'est l'article 545 du code maritime algérien qui a été appliqué dans toute sa rigueur par le magistrat. Il stipule qu'il est puni de 6 mois à 5 ans de prison ferme et d'une amende de 10 000 à 50 000 DA toute personne qui s'introduit frauduleusement sur un navire avec l'intention de faire une traversée. Donc, ce n'est pas le cas des harraga ordinaires que nos services interceptent au large sur leur embarcation ». Avant d'escalader le Viola, les 14 personnes avaient une seule idée en tête, fuir l'Algérie, où leur avenir leur paraît bien sombre avec un chômage chronique, et partir vers n'importe quel pays, même asiatique. Mais c'était compter sur une certaine complicité au port d'Alger qui leur a permis vraisemblablement d'accéder au bateau étranger. Cependant, l'alerte donnée par le commandant a mis en branle la Police algérienne des frontières (PAF) et les gardes-côtes de Annaba. Les premiers comme les seconds avaient tenu à passer au peigne fin le moindre petit coin du bateau. C'est ainsi qu'ils surprendront simultanément 6 jeunes, la tête pleine de rêves d'aventure et de richesse, dans des containers vides que le Viola devait charger à Dubaï. Déçus, ils n'ont pas hésité à « moucharder » leurs 8 acolytes dans l'expédition du rêve. Rêve qui s'achèvera brusquement avec l'apparition des « Pafistes » et des gardes-côtes, qui ont procédé à une fouille qui a duré plusieurs heures pour déloger et arrêter tous les passagers clandestins. Avant de tenter cette escapade risquée, les 14 jeunes avaient bien tenté de décrocher un visa, en vain. « A chaque fois, la réponse était négative », auraient-ils expliqué aux policiers des frontières et aux gardes-côtes, qui les avaient interrogés, présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba et placés sous mandat de dépôt. Ainsi, la saignée de la jeunesse algérienne continue toujours et nos gouvernants ne semblent pas y avoir trouvé encore de remède.