Revigorés par les bienfaits de la mer, les derniers estivants rangent leur ballots avant la fin de l'été. Le tintamarre des camps de toile et autres sites balnéaires cède le pas au calme et à la sérénité de Dame Nature. Un coup de semonce d'un mois aoûtien qui rappelle les chefs de famille à rejoindre leurs pénates pour une double épreuve. Celle-là même qui les met à rude contribution : la bourse que doit délier la ménagère pour le mois sacré, Sidna Ramadhan, et la rentrée sociale – scolaire s'entend – de leurs chérubins. Place donc à la fébrilité et à l'effervescence qui s'emparent des souks formels et informels. Le négoce de la rue est omniprésent et le petit revendeur, qui n'active plus à la sauvette, emplit les lieux publics pour écouler ses produits que lui fourguent les barons de l'import-import. On flaire les bonnes affaires et l'opportunité – il y en a tant dans l'année – est saisie pour ramasser de substantiels dividendes et se mettre, le reste de l'année, à l'abri des contingences. La panoplie de vêtements « bon marché » et les kits de fournitures scolaires achalandent les échoppes non sans engorger les espaces publics. Les marchands de fruits et légumes ne ratent pas l'aubaine de se mettre au carillon du neuvième mois lunaire. La mercuriale flambe devant l'appétit gargantuesque du chaland, qui n'hésite pas à racler le fond de sa besace et, au besoin, s'endetter auprès du voisin de palier. Tout se vend et tout s'achète à la faveur du mois de la rahma où l'effort se met au point mort. Le département du commerce tente, à l'approche du mois de Ramadhan, de prendre les devants pour réfréner l'ardeur des maquignons et avertir ceux qui osent convertir leurs garages, l'intervalle de trente jours, en espace proposant fritures de bourak et autres zlabia et q'taïf. « Tout commerçant ayant l'intention de changer d'activité, à titre temporaire ou définitif, en vue de l'exercice de cette activité durant le mois de Ramadhan est tenu de procéder à la modification préalable de son registre de commerce », rappelle le ministère du Commerce, qui met en garde les auteurs du commerce anarchique, notamment ceux activant à l'air libre, bafouant le basique en matière de règles d'hygiène. Mais en dehors des textes dissuasifs, le département en charge de ce volet saura-t-il faire preuve de rigueur sur le terrain ou fera-t-il montre de laxisme ? Saha ramdankoum.