Ils sont venus de partout. Nationaux ou émigrés. De Constantine, de Batna, d'Alger ou d'ailleurs. Une véritable déferlante d'estivants s'est abattue sur le littoral de la wilaya de Jijel au point que les fins d'après-midi sont devenues un calvaire pour les automobilistes qui rentrent après une journée de trempette, principalement, sur la région qui s'étend à l'ouest du chef-lieu de wilaya, Jijel, en direction d'El Aouana et Ziama Mansouriah. Le rush que connaît actuellement la région explique en partie la formation à chaque fin de journée de longues files de voitures dont les plaques d'immatriculation renseignent sur les horizons divers des visiteurs. Cette joyeuse réconciliation des estivants de l'arrière-pays avec la région rassure que les frayeurs de la dernière décennie ne sont plus qu'un lointain souvenir. Après une première quinzaine du mois de juillet mitigée du fait d'un climat plus doux d'une part et de l'attente des résultats du baccalauréat d'autre part, la saison estivale a pris son véritable envol comme en témoigne la prise d'assaut de la multitude de plages qui tapissent le littoral de la région, du pétillant havre de Oued Z'hor, d'El Milia jusqu'à Ziama Mansouriah en passant par Beni Belaïd, Sidi Abdelaziz, Bazoul, Tassoust, Jijel, Ouled Bounar, Grand Phare, Bordj Blida, Rocher Noir, El Aouana, Aftis, Grottes merveilleuses et enfin la plage Rouge dans l'antique Chobæ municipium (Ziama Mansouriah). La fascinante union de la mer et de la montagne reste le plus grand atout de la région qui étale, durant tout l'été, ses couleurs franches. C'est cette sérénité qu'on vient chercher tout en goûtant aux plaisirs de la mer. Les sorties le long de la corniche sont aussi des moments d'émerveillement et de détente. La percée en 1917 du tunnel de Dar El Oued a permis la découverte des fameuses grottes merveilleuses pour lesquelles estivants et touristes continuent de manifester un grand intérêt. L'autre grande attraction est le Grand Phare de Ras El Afia dans la commune de Jijel qui retient le regard par sa blancheur immaculée et sa stature imposante. La nuit à Jijel, c'est devenue une tradition depuis quelques années, les tenanciers des kiosques disséminés le long du boulevard longeant la plage Kotama prolongent leur horaire de service sur la plage. Tables et chaises dont la blancheur bouscule la pénombre nocturne sont ainsi disposées jusqu'au rivage, au grand bonheur des familles qui viennent en nombre manger et se rafraîchir tout en profitant de la douceur cajolée par la brise marine. Si la gracieuse Ziama Mansouriah a organisé sa semaine culturelle qui a drainé beaucoup de monde, le chef-lieu de wilaya est resté cette année rythmé par les seules sonorités des fêtes familiales et une soirée organisée en collaboration avec l'APC de Jijel à l'occasion de l'inauguration du studio de musique Sky Music. Activités culturelles L'essentiel des activités a été programmé au niveau du camp de jeunes de Bordj Blida dans la commune d'El Aouana. Hormis les familles des camps de toile et les citoyens véhiculés, ces manifestations culturelles en l'absence de moyens de transport durant la nuit n'ont pu profiter à un plus grand nombre. Le point noir du tableau, relevé à chaque nouvelle saison chaude, demeure la faible capacité d'accueil des structures existantes en dépit de l'augmentation du nombre de lits ces dernières années. De 13 hôtels en 1999 pour une capacité de 968 lits, on est passé à 23 hôtels dotés de 1846 lits. Cette insuffisance est comme toujours atténuée par la mise en place de camps de toile qui disposent cette année d'une capacité totale de 3324 lits et la mise à la disposition des estivants des structures notamment du secteur de l'éducation par ce qui se traduit par une offre supplémentaire de 6800 lits. A l'instar d'autres secteurs, l'investissement dans le secteur touristique avance à tâtons. Les chiffres officiels parlent d'eux-mêmes : sur les 27 projets devant générer un apport de 2395 lits, 19 sont à l'arrêt alors que les restants avancent à un rythme très long. Rescapée de la frénésie qui s'est abattue sur le foncier durant les années 1990, la corniche jijelienne a, Dieu merci, gardé quasi intact son épiderme naturel. Si jusque-là, la nature à elle seule a pu attirer et convaincre touristes et estivants, la réalisation de structures hôtelières intégrées aux sites qu'elles ne doivent pas agresser, donnera à coup sûr un coup de fouet manifeste au flux touristique. Les exemples étrangers sont bien là pour édifier solidement cette vision. Car le tourisme, qui consiste à couler dans le béton des kilomètres de plages, ne sera qu'un apport conjoncturel au moment où le littoral aura grandement perdu de son charme. Le ministre du Tourisme, lors de sa récente visite à Jijel, n'avait pas manqué d'appeler à la préservation des espaces naturels. Un établissement touristique dans la localité des Aftis le Timridjen d'une capacité de 80 chambres répond amplement à ce souci d'intégration et de préservation de l'environnement. Après avoir subi des dégradations du fait des assauts terroristes durant la dernière décennie, ce mignon hôtel implanté en bord de mer a retrouvé une seconde jeunesse après une réfection totale. Il est avec le complexe touristique du Rocher Noir, le seul hôtel sur la portion qui sépare El Aouana de Ziama Mansouriah. L'autre heureuse initiative est l'achat par les œuvres sociales de l'éducation de l'ex-hôtel Bouhanch à la sortie ouest de Jijel qui était à l'abandon. Refait à neuf, cet établissement est actuellement très prisé par les visiteurs de la région du fait qu'il offre de nombreux avantages : proximité de la ville et une vue directe sur la mer. De l'avis de beaucoup de gens, l'été 2004 est d'ores et déjà une réussite pour la côte du Saphir qui s'est réapproprié son lot de visiteurs.