Une des rares bandes côtières clean est sans conteste celle abritant le camp de toile de Sonatrach à Zemmouri El Bahri: cette particularité est bien visible de loin dès l'amorce de la descente menant vers le petit port de Zemmouri, le centre et le poumon de cette petite et paisible ville côtière, dont les travaux d'extension s'éternisent. Le visiteur constate d'emblée la prédominance de Dame nature à travers ces lieux. Cette partie s'étirant à perte de vue vers l'est n'est paradoxalement pas «bouffée» par le béton ou occupée par des sites de chalets ni encore surpeuplée par les habitations illicites comme partout ailleurs. L'emplacement du camp au pied de la forêt du Sahel, le prolongement de l'autre forêt dite Chouicha, mais aussi à deux pas de la grande bleue distingue le site «enchanteur» et le favorise au yeux des campeurs. «Je suis tombé sous le charme de cet endroit la première session passée à Zemmouri voilà plus de quatre ans», nous dira en cours de route le chauffeur du camp de toile de Zemmouri El Bahri. Toutefois, l'infrastructure routière fait défaut. La route longeant cet espace de détente, et de surcroît menant vers l'hippodrome de Zemmouri, est impraticable. Visiblement, l'asphalte n'a pas encore fait son apparition en ces endroits abritant des stations balnéaires!. La route y menant est dans un état piteux et poussiéreux. Quoi que l'on dise à propos de la situation sécuritaire prévalant notamment dans la partie est de Boumerdès, les clichés et d' autres raccourcis servis à tort et à travers s'effacent subitement pour qui s'y rend et s'imprègne de la réalité de la majorité des gens. La méfiance se creuse davantage avec les radicalistes. Elle est telle qu'il refusent carrément de les citer. Les temps ont changé car désormais la vie reprend progressivement le dessus. Le cas de Rial, un jeune d'une trentaine d'années, originaire de la localité de Zemmouri El Bahri, est édifiant en matière de la pertinence d'une certaine philosophie de la vie incitant les jeunes à prendre le bon côté de la vie au lieu de s'offrir en pâture aux incendiaires. A partir d'une simple idée et le bois de la forêt voisine, ce jeune a pu ériger un petit restaurant de camp original avec un décor épousant les spécificités de la région. Un espace en jachère est transformé merveilleusement en un petit coin de paradis. Là le client prend place sous l'ombre des arbustes de pin d'Alep, les pieds sur le gazon tout en ayant en face un tableau idyllique offert par les figuiers plantés au premier rang au fond. Malheureusement, le jeune a dû squatter un bout de terrain de la forêt débroussaillé après d'incessantes et vaines sollicitudes auprès des autorités locales. Le coin où l'on peut déguster la sardine fraîche apporte incontestablement un plus aux camps de vacance existant à proximité. Revenons à l'objet de notre balade! Le camp de toile de la Sonatrach ce n'est pas un complexe haut standing ou des bungalows mais de simples tentes de toile qui permettent un séjour «inoubliable» nous apprend un habituel campeur venu de Blida. Ce dernier est un lieu de convivialité et de détente où se rencontrent pas moins de 6 régions du pays. On vient de Hassi Messaoud, Hassi R'Mel, la région d'Alger, Biskra, In Amenas et Boumerdès. Tous ces cadres et travailleurs de la société nationale des hydrocarbures partagent un séjour agréable au bord de la mer pendant une quinzaine de jours. Toutes les commodités existent au niveau de cet espace abritant le temps d'une session des familles et leurs ayants droit issus des quatre coins du pays. Les blocs sanitaires,les buanderies, les plonges pour la vaisselle, les douches, l'eau potable et les tentes de toile sont offertes gracieusement par l'entreprise en contrepartie d'une participation personnelle symbolique de 300 DA. Le personnel de la direction des oeuvres sociales, à leur tête le directeur, M.Toufik Lamari, veillent au grain. Ils suivent le déroulement du séjour avec «soin», reconnaissent les campeurs. Non seulement le camp s'ouvre sur la plage mais, la sécurité de l'enceinte du camp est aussi assurée par des agents vaillants de l'entreprise en collaboration avec des jeunes du filet social, affectés par l'APC. La superficie de la plage louée par la Sonatrach au profit des travailleurs est fermée à l'est par la localité de Cap Djinet et limitée à l'ouest par le petit port de pêche local. La Sonatrach, qui a entamé l'investissement dans le séjour des travailleurs depuis les années 70, a acquis une expérience appréciable. Désormais, le personnel de ce genre de camps doit passer par une formation spécialisée. L'objectif d'un camp de vacances consiste à faire participer tout un chacun aux différentes tâches de la vie quotidienne. Dans ce contexte, l'organisation du séjour à l'intérieur du camp rime plutôt avec détente générale. Quand les parents se prélassent sur la plage, les enfants sont pris en charge par l'animatrice et son assistante. Fatma Zohra et Fareh, deux animatrices qui s'occupent de presque tout. Tout le monde les apprécie dans le camp d'autant plus qu'elles s'occupent des jeux ludiques et des cours de danse comme du chant. Un programme socioculturel a été tracé par la direction du camp pour égayer les campeurs estivants. Des concours de danse, de chant, du meilleur plat et de la meilleure tente sont également prévus. Tout le monde s'accorde à dire que le meilleur moment partagé à l'intérieur du camp reste la soirée musicale couronnant la fin d'une journée d'été riche en activités sportives, ménagères et ludiques au bord de la mer. Avant l'entame de ces instants «enchanteurs et magiques» de l'avis de quelques campeurs, on joue au domino à l'intérieur comme à l'extérieur des tentes, alors que les jeunes et les moins jeunes s'adonnent aux parties de beach volley et foot, volley et pétanque. Rencontré sur les lieux, S.Mohamed, la cinquantaine dépassée, et originaire de Biskra, soit à près de 440km de l'endroit où il se trouve est tombé littéralement sous le charme de la côte de Zemmouri El Bahri. «Nous vivons au Sahara une chaleur insupportable où s'ajoutent les fréquentes coupures d'électricité mais ici nous retrouvons non seulement la sérénité et la paix mais aussi un accueil excellent et surtout la mer», nous confie-t-il. Et d'ajouter: «Je souhaite tellement prolonger mon séjour jusqu'au mois de Ramadhan.» De son côté, A. Hadjer, une Algéroise de 17 ans, souligne que l'ambiance est encore plus agréable dès lors que toutes les familles se connaissent et tissent des contacts entre elles. Au cours de cette session 4 jeunes lycéens ont fêté leur réussite au baccalauréat parmi les campeurs qui ont pris sur eux l'organisation d'une cérémonie en leur faveur. Pour l'anecdote, il y a bien des mariages qui ont pris pour point de départ et puis comme séjour de noce, le camp de Zemmouri El Bahri. A. Kahina, une très jolie fille de 16 ans, est née dans le camp. C'est pour dire combien l'endroit est chargé de souvenirs vivaces.