Qu'est-ce qui a bien pu changer quatre mois après les émeutes qui ont secoué la région à la fin d'avril dernier ? Une tournée à travers les agglomérations les plus touchées par la contestation, à savoir le chef-lieu de wilaya et la commune voisine de Chettia, nous a permis de constater que les stigmates d'un tel mouvement sont toujours présents. Le musée régional, tout comme les sièges des directions des mines et de l'énergie, de la formation professionnelle et la direction régionale Sonelgaz Nord sont toujours à l'état de cendres. Idem pour la recette postale de Chettia ainsi que d'autres structures publiques qui avaient fait les frais de la colère des citoyens. Si certains services ont pu reprendre leurs activités dans des locaux provisoires, parfois à l'étroit, d'autres sont carrément à l'arrêt, comme c'est le cas pour le musée régional, qui a pourtant coûté plus de neuf milliards de centimes. Même les débris de verre n'ont pas été enlevés, ce qui prouve que cet établissement est totalement à l'abandon et risque de ne pas rouvrir ses portes de sitôt. Côté revendications des populations, seul le dossier du préfabriqué a pu connaître un début de prise en charge à travers le lancement d'une opération de recensement des baraques pour une éventuelle aide à la reconstruction et le déblocage de la cession de ce type d'habitat pour les familles occupant les lieux à titre de locataire. Cependant, les habitants ignorent tout des modalités et des conditions de l'aide promise et disent attendre des clarifications sur le sujet pour être fixés sur leur sort. La déclaration du ministre chargé des Collectivités, Dahou Ould Kablia, les a quelque peu « refroidis » puisqu'il a, lors d'une visite dans la région, annoncé que « le soutien direct de l'Etat n'ira qu'aux plus démunis ». « Qui sont ces plus démunis ? » s'interrogent les Chélifiens, qui estiment être en droit de bénéficier de l'indemnisation en tant que vrais sinistrés du violent séisme de 1980. Toujours est-il que le président de la commission de suivi de ce dossier, en l'occurrence le président de l'APW, tente de rassurer en indiquant qu'un rapport détaillé sur la question sera adressé en temps opportun au gouvernement. Curieusement, le nouveau wali ne s'est jamais prononcé sur le dossier du préfabriqué et n'a même pas reçu les représentants des comités des quartiers concernés. Il s'est contenté d'effectuer une longue tournée à travers les communes, une tournée qui lui a permis tout de même de mesurer le chemin qui lui reste à parcourir pour hisser cette wilaya martyre au diapason des autres régions du pays. Mauvaise qualité des projets et retards dans leur exécution, absence d'espaces verts et de reboisement, routes et trottoirs dégradés, amoncellement d'ordures et prolifération du commerce informel sont en effet autant de points noirs qui caractérisent les localités inspectées. Dire que l'équivalent de 2,2 milliards de dollars (chiffre de l'ancien wali) ont été injectés dans le développement local depuis 1999. La situation n'est donc guère reluisante dans beaucoup de domaines et l'occulter serait retarder la solution qui doit être apportée aux maux qui rongent cette wilaya. Sur ce plan, le nouveau responsable de l'exécutif de wilaya, déjà handicapé par l'absence de secrétaire général (non encore désigné), tarde malheureusement à définir ses priorités, se contentant d'observer et de diagnostiquer l'état des lieux.