L'association culturelle Tifra (ACT) a organisé à l'école primaire Assam, une conférence-débat autour du mouvement associatif. Cette conférence a été animée par Mohand Aït Ighil (écrivain et auteur dramatique) et Ahmed Farid directeur du centre sportif de proximité d'Adekar. « Notre intervention s'axera essentiellement sur les associations ayant vu le jour après octobre 88 car le mouvement associatif avant cette date, à quelques rares exceptions, est l'exact reflet du pouvoir et est confiné dans des organisations de masses, satellites du parti unique », a déclaré de prime abord Mohand Aït Ighil. L'ouverture démocratique arrachée par le soulèvement d'octobre est caractérisée en Kabylie, pour le conférencier, par la frénésie à créer des associations travaillant pour la promotion de la culture berbère. L'engouement était tel que chaque village, chaque groupe voulaient avoir son association. L'orateur s'est appesanti ensuite sur les dysfonctionnements et la léthargie dont sont atteintes la plupart des associations. « A peine nées, précise le conférencier, nos associations accumulaient tous les maux : accointances politiques, dépendance financière, amateurisme des animateurs, lutte de leadership, dysfonctionnements de toutes sortes ». Conséquemment à cela, démobilisation générale, autodissolution de plusieurs associations. « C'était mal parti dès le départ, et aujourd'hui, il ne tient qu'à nous de redonner au mouvement associatif sa véritable dimension et le libérer de tous les carcans qui l'empêchent de servir, loin de tout calcul, la population et de travailler au développement local ». Abondant dans le même sens, Ahmed Farid croit qu'au-delà des critiques et des réquisitoires qu'on peut faire quelque chose pour le mouvement associatif de la région, de nouvelles perspectives s'offrent et peuvent constituer de véritables réponses au marasme associatif actuel. « La nouvelle pédagogie est qu'une association ne doit être créée qu'au service d'un projet. Vous avez un projet porteur, structurant ? Une association s'impose pour faire aboutir votre projet », soutient-il. Le débat qui s'en est suivi avec le public a porté essentiellement sur l'utilité du mouvement associatif dans la construction de la région et surtout sur le devenir des djemaâs qui se voient bousculées par ces associations modernes.