Les évènements s'emballent et il est difficile de suivre l'enchaînement d'avatars et de rebondissements qui occupent le champ médiatique français, jamais à court d'idées pour capter l'attention et, surtout, pour empêcher la réflexion dans une période de grande crise du capitalisme. Pour faire un ''reset'' du capitalisme en perte de vitesse, les oligarques français ont pensé à miser sur l'économie de guerre. L'Histoire se répète donc. Pourquoi changer une recette qui a fait ses preuves ? Nous avons vu deux Guerres mondiales au cours du XXe siècle, et nous voyons s'avancer aujourd'hui le spectre d'une troisième, annoncée depuis la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine. C'est d'ailleurs ce qu'a prédit l'ex-président du Conseil européen Charles Michel il y a quelques jours sur BFMTV. La seule façon de l'éviter, selon lui, n'est pas de prôner la paix, mais, en bon serviteur du capital comme tous les dirigeants européens, de construire une défense forte de l'Europe afin de contrer avec « fermeté et détermination » les « outrances de la Russie ». Voici donc l'Europe embarquée dans une militarisation à marche forcée sous la baguette de von der Leyen, « Führer Ursula », comme l'appelle Serguei Lavrov. On sentait venir l'orage depuis longtemps. En effet, on n'entreprend pas une guerre sans procéder à des aménagements préalables susceptibles de faciliter la mise en œuvre du projet. Il faut d'abord obtenir l'adhésion des peuples, car en fin de compte, c'est quand même eux qui feront les frais de l'entreprise. Il s'agit donc d'installer un climat anxiogène de plus en plus pesant, museler toutes les voix discordantes, et souder la population en désignant un ennemi commun. La France de Macron est le champ d'expérimentation imaginé dans les laboratoires de l'oligarchie mondiale composée de consanguins dégénérés qui veulent générer de nouveaux profits. C'est là qu'intervient l'Algérie à son corps défendant, car elle est utilisée pour la mise en place d'une société fasciste sionisée et néocoloniale faisant appel aux instincts les plus primaires. Ce processus se fait progressivement de manière à bien imprégner les esprits de la population française avec un discours sécuritaire véhiculé par les médias aux mains des oligarques. En parallèle, nous voyons naître une alliance stratégique entre toutes les extrêmes-droites, travail entamé par Steve Bannon, l'ancien conseiller de Donald Trump. La jeune garde fasciste représentée par Bardella et Maréchal Le Pen ont été invités en Israël par l'extrême droite israélienne. Le sionisme est désormais suzerain de l'extrême droite mondiale. Même Trudeau en partant a revendiqué son appartenance au sionisme. La stratégie de la tension permanente Pour instaurer l'ordre fasciste, l'establishment français a décidé d'utiliser la communauté algérienne comme otage en la désignant à la vindicte populaire avec l'appui des médias qui sont désormais en roue libre pour diffuser une propagande essentielle dans le dispositif. Nous sommes face, depuis un certain temps, à ce que Chomsky et Herman appelaient « fabriquer un consentement ». Le lavage de cerveau tourne à plein régime pour induire un conditionnement poussant à haïr l'étranger, surtout s'il est Algérien. Le mode d'emploi est simple : on utilise des attentats sous faux drapeau qui accusent la communauté algérienne comme à Mulhouse le 22 février dernier. De temps en temps, ils peuvent changer la nationalité de l'auteur d'un attentat pour donner le change, comme dans le cas de celui de Cannes ce 15 mars. Le résultat est le même, c'est comme un algorithme : attentat = OQTF = Algérien. « L'Algérie », « Algérien », « OQTF », sont des mots-clés dans le logiciel fasciste français. Et je précise que tous les véritables attentats terroristes sont perpétrés par des gens qui sont pourvus de papiers en règle, comme cela a été démontré par les spécialistes de l'antiterrorisme. En tout cas, ces mots-clés resurgiront lors des attentats futurs qui sont déjà programmés. Ensuite, dépassant toutes les limites, l'establishment français a augmenté la dose en parlant d'espions œuvrant sur le sol français pour les services de renseignement algériens. Jusqu'il y a peu, ce genre d'accusation était dirigée exclusivement contre les Russes mais à présent, par un procédé très vicieux, les Russes et les Algériens sont mis dans le même sac : russophobie et algérophobie vont bon train dans la propagande de guerre. La soi-disant découverte et l'arrestation par la DGSI d'espions à la solde de l'Algérie sur le sol français constitue une nouvelle étape dans le plan progressif de la fascisation de la France. Néanmoins, cette histoire d'espionnage à la Jason Bourne est une farce sans crédibilité concoctée dans les bureaux de Levallois-Perret. Quand nous avons dénoncé les agissements d'un officier de la DGSE, premier secrétaire à l'ambassade française à Alger, et de l'association Artémis, qui cherchaient à ranimer des cellules terroristes en Algérie, nous avons montré des preuves. Rien de tel dans cette fausse histoire de barbouzerie inventée par la DGSI. L'offensive envers l'Algérie de la part d'une France présomptueuse qui retrouve son atavisme impérialiste permet de détourner les yeux des vrais problèmes et de ce qui est en train d'être mis en place. Il y a plusieurs objectifs dans cet acharnement contre l'Algérie et les Algériens. La fascisation d'une société passe par l'ostracisation de notre communauté parce qu'elle est antisioniste, propalestinienne, anticolonialiste et qu'elle porte des valeurs qui sont à l'opposé de celles prônées par l'Occident. C'est la raison pour laquelle les Algériens et l'Algérie ont été choisis comme boucs émissaires. Dans cette algérophobie aujourd'hui assumée par la classe politico-médiatique, tout s'est fait progressivement. On a constaté un crescendo constant dans les attaques injurieuses ciblant la communauté algérienne installée en France, insultes qui se sont étendues ensuite vers l'Etat algérien, les aboyeurs habituels des médias de masse français ayant désormais le champ libre pour éructer contre tout ce qui est Algérien. Et une petite chanson commence à s'infiltrer dans les oreilles qui murmure doucement que puisque l'Algérie est alliée de la Russie, elle est donc l'ennemie de la France et de l'Europe... Tout cela est concocté dans l'ombre par les maîtres marionnettistes. En effet, depuis le conflit en Ukraine, des généraux se relaient sur les plateaux de télé pour « analyser » la « menace russe » et bien imprégner les esprits d'une prochaine guerre contre la Russie, mettant en place l'ordre fasciste dans la société. Aujourd'hui, ils font la même chose avec l'Algérie qui est devenue elle aussi « une menace pour la France » qui « envoie ses espions » » sur le sol français, discours accentuant le climat anxiogène pour préparer la population à accepter des mesures douloureuses et non démocratiques, comme par exemple la saisie de leur épargne, la casse des acquis sociaux, les coupes budgétaires dans les dépenses publiques, et autres joyeusetés pour financer l'effort de guerre. C'est la fable de la grenouille plongée dans l'eau froide qui est appliquée à l'échelle de la société française et européenne. Si vous voulez mettre une grenouille dans l'eau bouillante, elle sautera pour s'échapper. Si vous la placez dans de l'eau froide et que vous augmentez petit à petit la température, elle s'endormira et finira ébouillantée. Un exemple du climat délétère qui s'installe en France. Nous avons contacté deux historiens français pour les interviewer, Claire Mauss-Copeaux, spécialiste de la Guerre d'Algérie et des violences de guerre qui travaille sur les sources orales, et Alain Ruscio, qui a travaillé sur la Guerre d'Algérie et sur l'histoire coloniale. Après avoir reçu leur accord, nous leur avons envoyé nos questions, mais l'une s'est rétractée à la dernière minute et l'autre a préféré faire le mort. Les gens n'osent plus parler à la presse algérienne. « Liberté d'expression », n'est-ce pas ? Quand on voit les injures déversées quotidiennement sur la courageuse Rima Hassan parce qu'elle est anticolonialiste et qu'elle soutient la Palestine et l'Algérie, on peut comprendre que certains préfèrent s'abstenir de se prononcer sur des faits historiques, même s'ils sont véridiques, de peur d'être qualifiés d'agents de l'Algérie. C'est le maccarthisme 2.0.