Les frappes aériennes israéliennes ont repris sur l'ensemble du territoire, dans la nuit de lundi à mardi. Le bilan exact des victimes reste flou, on évoquent des rapports faisant état de centaines de morts. En Cisjordanie occupée, où une guerre d'usure plus diffuse, mais néanmoins brutale est également à l'œuvre, « crise urgente qui requiert toute l'attention internationale nécessaire ». La tragédie ne s'arrête pas aux barbelés délimitant la bande de Ghaza. Dans les rues de Ghaza, les scènes sont familières, des familles fuyant sous les bombes, des corps ensevelis sous les gravats, des hôpitaux débordés, manquant de tout, jusqu'à l'oxygène pour les blessés. Au lendemain de la reprise des frappes israéliennes dans la bande de Ghaza, l'ONU juge « inadmissible » le siège humanitaire imposé par Israël à plus de deux millions de Palestiniens privés d'une aide essentielle à leur survie devant le monde entier. Au-delà du carnage causé par ces nouveaux bombardements, c'est l'asphyxie de la population de Ghaza au cours des deux dernières semaines. Israël bloque l'entrée de toutes les fournitures humanitaires vitales dans l'enclave, depuis le 2 mars, en effet, médicaments, nourriture, carburant, gaz de cuisine. Les quelques convois humanitaires arrêtés au passage de Karem Shalom, dans le Sud de Ghaza, sont à l'abandon. « Les ressources essentielles à la survie sont désormais rationnées ». La flambée du prix des denrées dans la bande de Ghaza, les conséquences sont immédiates à l'image des légumes dans le Nord du pays ont déjà triplé. Six boulangeries du Programme alimentaire mondial (PAM) ont fermé leurs portes par manque de gaz de cuisine et de fournitures. L'eau devient une denrée rare. « L'Etat sioniste a coupé l'alimentation électrique de l'usine de dessalement du Sud de Ghaza, limitant l'accès à l'eau potable pour 600.000 personnes ». En raison des mauvaises conditions d'assainissement, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avertit également que les risques d'épidémies sont très élevés. Cisjordanie, une guerre sans fin 95 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués, dont 17 enfants, et 869 autres ont été blessés. L'armée israélienne a déployé des chars dans le Nord du territoire pour la première fois depuis vingt ans, un climat de harcèlement constant des Palestiniens, marqué par la multiplication des expulsions forcées et des démolitions d'infrastructures civiles. « Près de 40.000 Palestiniens ont été déplacés lors de ces opérations ». Les colons israéliens, eux, semblent agir en toute impunité. Par centaines, ils attaquent des villages palestiniens, incendient des maisons et arrachent des oliveraies. Parallèlement, plus de 800 obstacles, dont plus de 20 nouveaux postes-frontières et points de contrôle, entravent la circulation des Palestiniens. Aller travailler, se rendre à l'hôpital, tout devient un parcours du combattant. L'Onu appelle à lever immédiatement le blocus humanitaire. « Bloquer l'accès à la nourriture, à l'eau et aux médicaments est inadmissible c'est un crime contre l'humanité ». Il faut également un retour au cessez-le-feu, seule issue possible pour alléger la souffrance des civils. On appelle, en outre, la communauté internationale à financer davantage l'aide aux Palestiniens, qui s'amenuise dangereusement, alors que seuls 4 % des fonds nécessaires ont été réunis. « Nous n'en avons même pas assez pour terminer ce trimestre ». Devant les membres du Conseil, M. Fletcher a évoqué une image, tirée d'une de ses visites à Ghaza. Celle d'une phrase griffonnée sur un tableau blanc dans un hôpital de l'enclave : « Celui qui restera jusqu'au bout racontera l'histoire. Nous avons fait ce que nous avons pu. Souvenez-vous de nous ». Une question semblait suspendue dans la chambre silencieuse du Conseil : si rien ne change, qui restera-t-il pour raconter l'histoire ?