Constantine a constitué durant la Guerre de libération nationale le terreau des actes de résistance dont ceux des fidayine, ces hommes engagés opérant comme une sorte de guérilla urbaine dans la lutte pour le recouvrement de l'indépendance nationale. Les actions des fidayine (des actions armées bien ciblées menées par des fidayine contre l'occupant français en milieu urbain) a fortement contribué au succès de la Révolution, a estimé le chercheur en histoire, Haroun Hamadou, qui a mis en avant la psychose provoquée au sein des forces coloniales suite aux actions des fidayine menées par les moudjahidine en milieu urbain. Les fidayine qui ont réussi, à travers les multiples actions ciblant les forces coloniales dans différents quartiers de la ville de Constantine (Rahbet Essouf, Djebel Ouahch, la cité Bentellis, Souika, Bardo, entre autres), à semer la panique chez le colonisateur et déstabiliser sa stratégie de répression, servant considérablement le combat mené pour le recouvrement de l'indépendance, a indiqué le chercheur. L'opération spectaculaire réalisée par les fidayine contre le commissaire principal du commissariat de la place des Galettes (Rahbet Essouf) en plein cœur de Constantine, figure parmi les coups durs que le colonisateur a eu à essuyer, provoquant un état de psychose générale qui a beaucoup servi le combat de libération nationale. L'acte réalisé fin mars 1956, avait eu lieu au moment où les autorités françaises avaient annoncé la neutralisation totale du réseau de fidayine de Constantine. Le démenti de la partie algérienne a été prompt en ciblant une personne influente et, de surcroit, redoutée dans la ville, a-t-on rappelé. Les actions des fidayine furent des répliques héroïques réalisées par des «volontaires de la mort» ayant combattu sous les ordres du Chahid Messaoud Boudjeriou, né le 30 mars 1930, dans la commune éponyme, anciennement appelé Aïn Kerma, située au nord-ouest du chef-lieu de wilaya de Constantine, a rappelé le chercheur en histoire. Les actions des fidayine, un combat de précision Les fidayine engagés dans ce genre de combat contre le colonisateur veillaient à ce que tous les coups planifiés soient ciblés car il s'agissait d'opportunités à ne pas manquer, a indiqué, de son côté, le moudjahid, Said Boulahlib, qui avait rejoint l'action des fidayine à Constantine juste après les évènements du 20 août 1955. Un coup précis était en mesure de changer le cours du combat à la faveur de l'Armée de libération nationale, c'était ça la conviction des fidayine qui œuvraient avec beaucoup de précision, a souligné le moudjahid qui a mis l'accent sur la complexité de la mission nécessitant génie, célérité, discrétion et engagement total. Selon ce moudjahid, qui avait participé à plusieurs opérations de fidayine dans la ville de Constantine, la mémoire des quatre martyrs guillotinés à Constantine, le 8 janvier 1958 (Aouati Mostefa, Omar Zaâmouche, Belkacem Mentouri et Ben Abbès Said) constitue une preuve d'héroïsme d'hommes libres qui exécutaient des attentats dans la ville de Constantine dans le cadre des opérations des fidayine. L'exécution à la guillotine de ces hommes avait trompait l'occupant qui croyait «décapiter» l'organisation de la résistance dans la ville de Constantine, une organisation qui sera reconstituée en 1958, défiant cette machine répressive, avec la même détermination jusqu'à l'indépendance. La femme algérienne avait occupé, elle aussi, un rôle déterminant et opérationnel dans la réussite des différentes actions des fidayine opérées en plein centre-ville de Constantine, a indiqué, Soraya Ammour, réalisatrice, spécialisée dans l'histoire de la glorieuse Révolution. Mme Ammour qui a réalisé un film documentaire sur le combat des deux héroïnes de la Révolution algérienne, à savoir les sœurs Fadila et Meriem Saâdane, a indiqué que les femmes algériennes citadines ont également accompli leur devoir patriotique en soutenant les moudjahidine (fidayine et moussebbeline) à l'intérieur de la ville de Constantine et ont subi les pires des tortures par le colonisateur qui a tenté de les intimider, mais leur dignité et fierté étaient plus fortes que toute répression.