Au marché couvert des 1100 Logements, si le cœur y est, la bourse y fait défaut dans la majorité des cas. Les étals de légumes sont pris d'assaut, mais peu de clients se décident à acheter. L'abondance et la qualité des marchandises exposées incitent à l'achat, mais les prix découragent les meilleures volontés. C'est que lors de la première journée du Ramadhan, l'envolée des prix a atteint un tel sommet que ceux qui en prennent connaissance en ont le vertige. Devant l'étalage de Mohamed, un jeune marchand, établi juste à l'entrée du marché sert son premier client. Tout en expliquant que si les prix s'envolent, ce n'est pas de sa faute, mais, à la marchandise qui manque. Il ne fournit pas davantage d'éclaircissement à ce sujet. Pourtant son étal déborde de légumes frais. Il y a de tout, en effet, des pommes de terre à 35 DA, des carottes à 60 DA, des oignons à 20 DA…etc. Plus loin, deux autres commerçants, qui ont un prénom commun, Yahia, exposent les mêmes produits aux mêmes prix. La tomate à 70 DA le kg, le haricot mange-tout à 90 DA, la salade à 80 DA. La courgette ? Même prix que la tomate. Pour ces deux marchands, si ces produits coûtent si cher, c'est parce qu'eux-mêmes les achètent à des prix qui rendent leurs marges bénéficiaires beaucoup plus étroites qu'on ne le pense. Une ménagère qui s'est arrêtée un instant devant l'un des deux étals, repart le couffin vide. Devant une boucherie qui vend de la viande congelée, une file de clients s'est formée : le prix du kilo de viande ovine et bovine est à 450 DA. Hachée, elle fait 470 DA. C'est préférable, commente avec un sourire forcé Salah, un client qui attend son tour d'être servi. Vers la sortie est du marché, un étal assez achalandé attire les clients ; on y vend des olives de calibres différents ; des vertes à 300 DA, des noires à 200 DA.Bref, tout le monde se retrouve au marché le matin de ce premier de Ramadhan, mais personne ne semble trouver son compte. Ce qui frappe en ce lieu où toutes les tentations semblent s'être données rendez-vous au grand dam de tous, c'est que si les prix s'envolent, on ne voit sur les étals aucune étiquette les « fixer ». Et l'on accuse nos marchés de ne pas vouloir se libéraliser ! Y trouve son compte qui pourra.