De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Pas de répit pour les chefs de famille. Les dépenses quotidiennes ne cessent de grimper et le désarroi et la crainte ont commencé à s'emparer des esprits, notamment chez les familles qui ne disposent pas d'un revenu conséquent pour faire face aux dépenses inhérentes à la consommation, à l'achat des effets vestimentaires et des affaires scolaires ainsi que des nouveaux manuels qui correspondent à chaque niveau, puis préparer la fête de l'Aïd qui s'annonce à la fin du mois. En effet, après une semaine de jeûne, des chefs de famille sont désemparés par les achats et la facture s'annonce très salée. A travers les différentes agglomérations de la wilaya, l'ambiance mercantile ne s'est pas atténuée ; les propriétaires de librairies et les autres commerçants ont déjà embelli leurs vitrines aux couleurs de la rentrée scolaire, avec les différents articles scolaires. Enfin, tout est bien placé pour séduire le consommateur et attirer notamment les enfants qui sont très pressés de découvrir leurs nouveaux trousseaux scolaires. Les marchés sont littéralement pris d'assaut par les familles qui déambulent entre les étals, pour se renseigner sur les prix. Certains sont venus avec leurs enfants pour leur permettre de faire leur choix. Sur place, nous avons constaté que les prix affichés sont dans l'ensemble abordables, mais les consommateurs se montrent réticents à acheter, pensant qu'ailleurs ils trouveraient des prix moins élevés. D'autre part, comme c'est le cas des produits alimentaires qui sont vendus à la sauvette dans les coins des rues, parfois sous le regard de la force publique, les articles scolaires ont, eux aussi, leurs spécialistes. Alors que certains préfèrent le marché situé près de la gare routière pour écouler leurs marchandises, d'autres squattent des trottoirs après la rupture du jeûne pour vendre les articles scolaires. Un peu partout, les clients marchandent, les cahiers sont vendus entre 20 et 150 DA selon le nombre de pages, puis viennent tous les accessoires et outils (trousses, stylos, crayons de couleur, gommes, couvertures et autres), qui sont très demandés. Les sacs à dos, qui ont pratiquement remplacé le cartable, suscitent l'intérêt, leurs prix oscillent entre 200 et 1 500 DA ; il y en a pour tous les budgets, mais les parents sont obligés de payer le prix fort pour acheter un sac à dos solide : «Mon enfant a consommé à lui seul trois sacs à dos car ils sont de mauvaise qualité.» Un autre père se soucie du gabarit du sac : «Ce sac plein d'articles scolaires et de cahiers ainsi que les livres va peser plus de 20 kg. C'en est trop pour les élèves ; il faut que les associations de parents d'élèves et les enseignants interviennent concernant les articles scolaires vendus.» De son côté, un commerçant a indiqué que ses produits sont d'une qualité irréprochable et qu'il ne vend aucun produit nocif pour les enfants : «Vous pouvez visiter pour voir.» Une femme affirme que les achats pour son enfant, qui sera scolarisé en première année élémentaire, lui ont coûté plus de 4 000 DA. «Je lui ai acheté un sac à dos à 550 DA, une tenue vestimentaire complète à plus de 3 000 DA et des articles scolaires», a-t-elle précisé. Qu'en serait-il pour les parents qui ont quatre enfants à scolariser ? «C'est la ruine totale», a lancé un quinquagénaire. D'autre part, la majorité des parents sont inquiets au sujet de la disponibilité des livres scolaires. «Après l'inscription de mon enfant en 1re année moyenne, les responsables m'ont dit qu'ils seront vendus dans les établissements prochainement». D'autres citoyens parmi les familles démunies ont été rassurés de pouvoir obtenir les livres gratuitement, certains attendent la rentrée effective des élèves pour voir la situation. En l'absence d'une véritable association de parents d'élèves à Bouira, les problèmes qui se posent au niveau des établissements scolaires (manque de livres, d'enseignants, de matériels pédagogiques, insalubrité, problèmes d'étanchéité et autres) sont souvent renvoyés à l'année suivante. De leur côté, les responsables déclarent que les associations existent au niveau des établissements mais qu'elles n'activent pas. Déjà laminés par toutes sortes de dépenses, les parents s'interrogent sur «l'utilité de la cotisation exigée à chaque inscription et où vont les fonds qui sont récoltés.»