Bien entendu, ce n'était pas le cas lors de la cérémonie d'ouverture qui était marquée par la présence seulement du conseiller culturel auprès de l'ambassade d'Allemagne. Ce musée sera consacré à la famille royale de Juba II. « Cherchell aura été une capitale numide importante, d'une part et nous avons apprécié cette coopération algéro-allemande dans le domaine culturel, d'autre part », déclare le représentant de la ministre de la Culture. « C'est l'objet essentiel de notre présence aujourd'hui, et puis logiquement on ne doit pas changer une équipe qui gagne. Normalement la convention sera reconduite pour achever la mission », ajoute-t-il. Cette réponse va tranquilliser la scientifique allemande Christa Landwehr qui, la veille, nous a avoués qu'elle s'interroge sur la suite que donnera le ministère de la Culture à cette campagne. Le musée de Cherchell est pourvu d'une exceptionnelle et importante réserve qui continue à susciter un énorme intérêt pour cette Allemande, qui a déjà produit 3 ouvrages, alors que le 4e est en voie d'achèvement. Christa Landwehr, docteur en archéologie, est venue à Cherchell en 1982, en 1987, en 1991 et 1992 pour mener sa campagne, dite de restauration des œuvres archéologiques de Cherchell. Depuis juillet dernier jusqu'à la fin août, avec l'apport d'une équipe allemande, 2 spécialistes italiens et de quelques étudiants algériens, elle a radicalement transformé la galerie ouest du musée de Cherchell, en mettant en avant les statues de Juba II et de Ptolémée. Elle a enlevé plusieurs fragments funéraires qui étaient collés aux murs de cette galerie. La grande mosaïque qui orne la galerie ouest sera enlevée, car elle constitue une fausse note, selon la conceptrice. Des statues et pierres rectangulaires ont été déplacées au niveau des galeries nord et est. Christa Landwehr a acheté des socles pour installer les statues de la famille royale à l'aide des techniques modernes. Les panneaux de mosaïque ainsi que l'ensemble des œuvres archéologiques, qui n'ont aucun lien avec la période jubéenne, se trouvant dans le musée de Cherchell seront déplacés « ailleurs », dans un autre lieu, suivant la conception muséologique et la volonté de l'Allemande Christa Landwehr. Contrairement au directeur général de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) qui s'est montré émerveillé par le travail, l'idée importée n'a pas été du goût des archéologues algériens. Les spécialistes italiens, après l'analyse du matériau, affirment que certaines œuvres exceptionnelles ont été produites avec du marbre provenant des îles de Grèce et d'Italie. C'est un fait rare dans le monde. Christa Landwehr estime que l'état du nouveau musée de Cherchell, qui se situe en face du mausolée Sidi Braham Ghobrini, est une bâtisse qui menace ruine. Elle regrette que ce bâtiment n'ait pas fait l'objet d'un suivi et d'un contrôle par les services concernés au moment de sa réalisation. Sa construction ne répond pas à la réglementation, alors que sa conception le rend inutile pour accueillir et abriter les œuvres archéologiques en raison de l'absence de lumière et les infiltrations des eaux de pluie. Nonobstant le trésor qui se trouve dans les réserves du musée et dans l'état actuel de la situation, le travail engagé dans le cadre de la coopération algéro-allemande demeurera inachevé si aucune mesure, selon notre interlocutrice allemande, ne sera prise dans l'immédiat par les responsables algériens pour installer le reste des objets déjà « décollés des murs et ceux détachés des sols » qui ont toujours été exposés depuis plus de 150 ans dans le musée de Cherchell. On se souvient que durant le début de la décennie 1990 et après le départ de Christa Landwehr pour des raisons sécuritaires, le musée de Cherchell, avant qu'il ne soit réhabilité par le ministère algérien de la Culture, s'était transformé au fil des années en un mouroir pour les nombreuses statues d'une valeur historique inestimable. Le scénario risque de se renouveler. Le musée de la ville de Cherchell, qui sera consacré uniquement à la période numide, sera érigé en musée national. Les objets témoins retrouvés dans les multiples sites archéologiques de cette localité côtière dévoilent le passage de plusieurs civilisations dans cette partie du bassin méditerranéen. Ce patrimoine culturel matériel illustre la richesse du passé historique depuis la fondation de la cité, aux environs de l'an 400 avant J.C. A l'issue de sa campagne 2008, toute l'assistance présente au musée, avant qu'elle ne soit invitée à déguster les délicieux mets du traiteur, avait été emballée par les explications de la scientifique allemande Christa Landwehr, qui justifiait les raisons de ce nouveau choix inhérent à la disposition de l'exposition des œuvres. La prochaine campagne sera-t-elle plus longue que celle de l'été 2008 ?