De quelle manière se dessine l'avenir de l'armée américaine en Irak qu'elle avait envahi en mars 2003 ? A priori selon les analystes, la réponse parait simple, puisque, semble-t-il, il est hors de question que soit envisagé un retrait définitif et encore, même le repli dans des structures durables n'est pas tout à fait acquis, puisque les autorités irakiennes ont elles-mêmes lié ce processus à la situation sur le terrain. Ce qui veut tout dire. Toutefois, les Etats-Unis que l'on dit cette fois pressés par les autorités chiites, se rapprochent d'une décision sur leurs effectifs en Irak. Un ultimatum expirant aujourd'hui a même été fixé. Les Etats-Unis ont encore trois jours pour répondre aux demandes des Irakiens dans les négociations en cours sur le projet d'accord définissant le futur statut des troupes américaines en Irak, soulignait effectivement, mercredi dernier, un responsable chiite irakien. Ali Al Adeeb, parlementaire du Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII), un puissant parti chiite et proche allié du Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, rappelle que Washington avait demandé un délai de 10 jours aux Irakiens pour pouvoir répondre à leurs propositions concernant les points litigieux de l'accord. Or, ce délai de 10 jours « s'achèvera dans trois jours », précise-t-on de même source. Les désaccords subsistant entre les deux pays ont retardé ces dernières semaines la signature de cet accord baptisé Sofa (Status of Forces Agreement, ou accord sur le statut des forces américaines). Il porte notamment sur l'éventuelle immunité des civils ou soldats américains en Irak, un principe contesté par les Irakiens, sur le droit des Américains de maintenir en détention des prisonniers irakiens ou sur le commandement des opérations militaires, selon un projet d'accord publié, lundi, par le journal irakien Al-Irak. Le projet de Sofa doit être envoyé d'ici dix jours au Parlement, avait rapporté, mardi, un journal irakien en citant des propos du Premier ministre Nouri Al Maliki. Le Sofa doit régir le futur statut des forces américaines en Irak après l'expiration, le 31 décembre 2008, du mandat de la Force multinationale, tel que fixé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Les troupes américaines devront en principe commencer leur retrait des villes irakiennes en juin 2009, mais le projet de texte, publié lundi, ne donnait pas de date finale pour un retrait complet de ces troupes. Et c'est cette échéance qui semble à l'étude par le président George W. Bush qui a en main les recommandations qui l'aideront à trancher en pleine campagne électorale l'une des questions au cœur de la bataille pour sa succession. La Maison-Blanche a indiqué, jeudi, que le commandant de la force multinationale en Irak, le général David Petraeus, avait fait parvenir à M. Bush son appréciation de la situation, donc des possibilités de continuer ou non à réduire les effectifs après le rapatriement de cinq brigades au cours des derniers mois. Avant l'élection qui lui désignera un successeur le 4 novembre, sa décision risque de braquer à nouveau les projecteurs de la campagne sur l'une des questions qui divisent le plus profondément le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama. M. McCain a farouchement défendu la guerre à laquelle M. Obama se vante d'avoir été l'un des rares à s'opposer dès le début. M. Obama a reconnu, jeudi, sur la chaîne américaine Fox News que cette politique avait été un succès « au-delà de nos rêves les plus fous ». La question est de savoir dans quelle mesure la décision que prendra M. Bush servira ou desservira M. McCain, que les démocrates cherchent à peindre en imitateur des politiques impopulaires du président sortant. M. Bush a assuré à plusieurs reprises qu'il prendrait ses décisions pour l'Irak sans se soucier de calculs électoraux. On ignore comment sa décision s'inscrira dans un accord que les gouvernements américain et irakien négocient pour réglementer la présence américaine à partir de janvier 2009. Les démocrates auraient beau jeu de retourner contre M. McCain l'acceptation par M. Bush d'une échéance à laquelle les deux hommes résistaient. M. Bush présente les retours de soldats comme la preuve de la réussite de sa politique irakienne. Ce qui laisse perplexe, sinon dubitatif tous ceux qui tout simplement se sont opposés à cette guerre. Ceux-la n'ont pas changé et parlent encore de guerre injuste et illégitime.