La secrétaire d'Etat américaine semble décrire à grands traits l'Irak de l'après-Saddam Hussein. Mme Condoleezza Rice a déjà dit sa préférence pour un Etat fédéral. Elle dit cette fois ce qu'elle pense de celui qui est considéré comme la plus haute autorité religieuse chiite. Il s'agit du grand ayatollah Ali Sistani appelé, selon elle, à jouer un rôle important, en tout cas du même ordre que celui qu'il a accompli jusque-là. « Il a joué un rôle important pour l'Irak et cela continuera à l'avenir », a estimé Mme Rice. Interrogée par le quotidien italien La Repubblica sur le succès de M. Sistani aux élections du 30 janvier dernier, dont les résultats soit dit en passant, attendent d'être annoncés, et son souhait que l'Islam soit la source de la nouvelle législation, Mme Rice a répondu : « La question Sistani est particulière ». « Il représente les chiites qui sont la majorité des Irakiens, il a poussé les gens à participer au vote démocratique et avant il les avait incités à se rebeller contre le régime de Saddam Hussein qui niait brutalement les droits de tous, et pas seulement des femmes », a-t-elle exposé. « En outre, il a un rôle fondamental dans l'implication de la partie sunnite de la population », a-t-elle ajouté. « Quant à la Constitution, nous sommes au début d'un processus politique, d'une discussion impossible auparavant : il y aura des négociations, des compromis, des petits changements », a-t-elle dit. « M. Sistani a eu un rôle important, et je crois qu'il continuera à l'avoir dans l'avenir », a estimé Mme Rice. L'une des listes était parrainée par l'ayatollah Ali Sistani, 73 ans, figure charismatique des chiites irakiens, qui pourrait compter entre 100 et 150 députés sur les 275 sièges de l'Assemblée. Ali Sistani a décidé de s'engager dans la voie politique pour conquérir le pouvoir, à portée de main de la communauté chiite, la plus nombreuse, et avait pris sur lui de mettre fin à la rébellion du jeune imam chiite Moqtada Sadr. Ce dernier n'a plus d'armée et ne semble pas pour l'instant avoir d'avenir politique quand bien même il l'envisageait. C'est ainsi que s'écrit l'Irak des prochaines décennies, dont l'une des phases prévoit le retrait de l'armée américaine. Mais le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld qui effectuait une visite surprise en Irak, a dit que cela ne sera envisagé que lorsque les forces de sécurité irakiennes « auront la confiance et la capacité » d'assumer la mission de maintien de l'ordre. Et on en est encore bien loin. Sa visite en Irak intervient au lendemain d'une journée sanglante. Au moins 10 policiers ont été tués et 50 autres blessés dans des accrochages jeudi avec des résistants à Salman Pak, au sud de Baghdad. Les hélicoptères de l'armée américaine ont dû intervenir contre les résistants, qui avaient encerclé et attaqué un poste de police. Par ailleurs, les corps calcinés de plus de 20 Irakiens, qui convoyaient du sucre pour le ministère du Commerce, ont été retrouvés jeudi matin dans cette même zone qui échappe au contrôle des forces de l'ordre. En outre, une douzaine d'Irakiens ont trouvé la mort dans diverses attaques à travers le pays, alors qu'un représentant à Baghdad du grand ayatollah Ali Sistani a été blessé par des tirs d'inconnus. Une violence que rien , et surtout pas les discours, ne semble arrêter. Sept Irakiens ont été tués et huit autres blessés dans une série d'attaques depuis jeudi soir dans la zone située au nord et à l'ouest de Baghdad, selon des sources sécuritaires. Des hélicopthres américains survolaient les secteurs des affrontements. La zone située au nord de Baghdad est le théâtre d'attaques répétées contre les forces de l'ordre et les soldats irakiens. C'est pourquoi, aucune date n'est fixée pour le retrait des troupes américaines. Plus personne n'en parle comme si la question ne se pose plus. Ce qui renvoie encore une fois à la force réelle ou supposée de la résistance qui a réussi à défaire tous les clichés et à démentir toutes les hypothèses.