Une vague de chaleur d'une intensité exceptionnelle a touché hier plusieurs régions de l'Algérie. Le Ramadhan de cette année est particulièrement caniculaire. La saison estivale a passé le témoin au mois du jeûne sans transition. Les Algériens « tuent le temps », reprendre l'expression la plus en vogue, dans les marchés populaires, la face exsangue et les traits creusés. La langue pâteuse et la sueur ruisselle sur les visages. Ce sont surtout les citoyens les plus âgés qui souffrent le plus de cette canicule. Et la canicule comme une chappe de plomb. Sur tout le territoire national, la chaleur règne en maître des lieux. Les services de la Météo algérienne a annoncé des températures anormalement élevées pour le commun des mortels : 40°à Alger, 32°à Oran, 40° à Constantine et Annaba, 32°à Tlemcen, 42°à Tizi Ouzou, 36° à Sétif et à Djelfa. A Hassi Messaoud, c'est carrément la fournaise avec 44°. Et ce n'est pas fini puisque aujourd'hui, selon la même source, « une vague de chaleur est attendue pour la journée du mercredi, dans la région du Nord, avec des pics dépassant les 40 degrés vers l'intérieur du pays ». Un temps ensoleillé est par ailleurs attendu près des côtes du centre du pays, assez chaud vers les régions proches côtières et intérieures avec quelques cellules orageuses isolées, a précisé la même source dans son bulletin de prévisions, repris par l'APS. Jeudi dernier, le mercure avait atteint les 38,8 degrés centigrades à Jijel, ce qui, selon un météorologue de cette station, constitue « une température exceptionnellement élevée pour la région ». Un vieux Jijelien, retraité de l'administration, va aussi loin que peuvent remonter ses souvenirs. Il affirme qu'il s'agit de la température la plus chaude « jamais enregistrée de mémoire de Jijelien ». Ces températures élevées réveillent chez certains la crainte des tremblements de terre ou toute autre catastrophe qui pourrait survenir. Mais les plus érudits chercheront une explication plus rationnelle telle que l'empreinte du réchauffement climatique qui touche aussi notre pays. Les scientifiques penchent plutôt vers la thèse suivante : ces températures ne sont pas un phénomène climatique conjoncturel, mais la preuve de dérèglements plus profonds. Cependant, au-delà des interprétations des uns et des autres, les Algériens vivent ce mois particulier au ralenti pendant toute la journée. Ce qui les gêne en fait, c'est que la chaleur sévit en plein Ramadhan : ils ne peuvent ni boire, ni se restaurer, ni profiter des plaisirs de la plage. Alors, ils limitent leurs déplacements et cherchent l'ombre. Les sans-emploi dorment presque toute la journée. Ils tombent dans les bras de Morphée. Certains se mouillent le visage pour moins sentir la chaleur. Nous sommes à peine au dixième jour du Ramadhan et elle provoque l'indolence. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil...