Malgré le développement de l'industrie du livre, l'utilisation des actes et documents par les différents services de l'administration locale ainsi que les bienfaits de leur restauration et leur conservation, le métier de la reliure en Algérie, par manque de moyens, surtout les matériaux ainsi que la formation, a tendance à disparaître au fil du temps. Hadj Ali Gasmi est un autodidacte qui aborde les quatre-vingts ans tout en aimant ce métier qui l'a conquis dès son jeune âge, en 1933, lors des travaux pratiques qui étaient dispensés après les cours durant cette époque. Il essaye à présent de perpétuer ce métier ancestral en léguant le flambeau à son fils Mustapha, qui gère une petite entreprise familiale à Oran « La Maison de la Reliure ». D'ailleurs, au niveau d'Oran ils ne sont que deux spécialistes dans la reliure et la conservation des ouvrages ou documents de l'état civil a officialiser, et le second a été formé par Hadj Gasmi Ali, qui a élu domicile à St Pierre en y ouvrant un atelier de restauration. Pour ces deux restaurateurs, le travail ne manque pas et ils sont sollicités de partout. C'est surtout le manque de matériaux adéquats pour leurs travaux qui leur fait défaut. Mustapha, qui s'occupe de l'entreprise, relève que l'absence de produits de manufactures, « surtout le cuir ou le papier à utiliser spécialement dans les travaux de restauration des manuscrits nous pénalisent énormément. Avec ces matériaux -made in Taiwan- qui sont parfois disponibles à des prix exorbitants pour une qualité douteuse, on a l'impression d'être trahis dans notre tâche quotidienne et surtout vis a vis de notre clientèle qui nous confie ses manuscrits ou documents officiels, surtout des anciens actes. Nos clients ont une confiance totale en nous ». Sur ce plan Hadj Ali Gasmi, qui nous a rendu visite à la rédaction locale, consacre son temps à l'écriture en arabesque d'un second volume du Livre Saint. Il profite de ce passage pour lancer un appel aux responsables du secteur de la formation professionnelle pour l'ouverture d'une section de formation dans les métiers de la reliure et de la conservation des ouvrages et autres documents. Il se dit, malgré son âge, prêt à encadrer bénévolement cette formation qui mérite tout une attention afin de préserver le passé dans l'avenir. Il suffit de la volonté et de l'amour de ce métier ancestral pour préserver tout un patrimoine de documents et surtout d'anciens manuscrits ou d'ouvrages d'une valeur inestimable. D'ailleurs, une opération de restauration d'ouvrages appartenant à la bibliothèque de l'école des Beaux arts d'Oran, qui ont été édités entre 1923 et 1954, sans oublier les actes administratifs de la commune d'Oran et les anciens journaux de la collection de l'Echo d'Oran.