La cantatrice Beihdja Rahal se produira, le 21 sptembre à l'auditorium de la Radio nationale pour décliner une partie de son répertoire classique. La diva se prête, sans détour, à nos questions pour éclairer le public mélomane sur son répertoire enregistré et son prochain ouvrage sur la musique andalouse. Vous êtes invitée à vous produire devant votre public durant ce mois de Ramadhan. S'agit-il de la promotion de votre dernier produit qu'est la nouba raml ? Je ne suis pas en Algérie pour la promotion d'un nouvel album. Nouba raml est sorti en février 2008, je suis ici pour donner trois concerts dont celui que j'animerai à l'auditorium du palais de la culture de Kouba. Vous donnez des récitals à l'étranger depuis plusieurs années. Quelle est la réaction du public ? Le public européen est très à l'écoute des musiques traditionnelles et musiques du monde. Il vient généralement découvrir ma musique sur scène. Si elle lui plaît, et c'est ce qui arrive à chaque concert, il l'adopte. Par la même occasion, il découvre l'histoire de cette musique, ses instruments traditionnels, ses poètes et poétesses ainsi que la grande poésie que j'interprète. Vous avez tenté une composition de mélodies andalouses en fusion avec des orchestres de musique classique et dans le genre flamenco. Un métissage que d'aucuns ont trouvé harmonieux, alors que certains critiques n'ont pas apprécié. Quel est votre avis ? Je n'ai tenté aucune composition. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec Juan Martin, un guitariste espagnol, avec Radio Tarifa et avec l'orchestre philharmonique du Conservatoire de Rouen. Je n'ai pas fait d'arrangements sur la musique andalouse, c'est l'orchestre européen qui m'a accompagné sur des morceaux andalous en essayant de donner certaines nuances qu'il ressent. Ce n'est pas pour moderniser notre musique ou la faire aimer par un public plus jeune que j'ai fait ces expériences, car la musique andalouse est tellement belle comme elle est. Il y a l'orchestre national andalou dirigé par le musicologue Rachid Guerbas qui œuvre à rassembler les trois écoles andalouses algériennes. Adhérez-vous à cette démarche ? Je n'adhère pas du tout à cette démarche. Nous avons hérité de trois écoles, pourquoi les rassembler en une, même si elles ont la même origine. Chacune a ses maîtres, ses nuances, ses rythmes, sa particularité, pourquoi perdre cette richesse. Je ne pourrai jamais interpréter le malouf mieux qu'un chanteur qui a côtoyé les maîtres constantinois et qui a baigné dans ce genre musical. Je ne peux pas non plus interpréter la nouba tlemcénienne. En tant qu'interprète, j'ai eu la chance et l'honneur d'être formée par les maîtres et professeurs de l'école d'Alger à qui je rends hommage. Je ne peux imaginer Abderrezak Fakhardji, Dahmane Benachour ou Mohamed Khaznadji, pour ne citer que ceux-là, chanter du malouf ou du gharnati. Peut-on connaître votre projet et le canevas de vos recherches dans le diwan andalou ? Je suis interprète de la nouba algéroise, mon ambition est d'apprendre une grande partie du patrimoine andalou. Ce n'est pas évident, mais cela reste possible puisque je me considère toujours en formation et à l'écoute des anciens, des maîtres et de mes aînés. J'effectue des recherches pour essayer de confirmer l'authenticité de certaines pièces de la nouba, cela grâce à des personnes qui détiennent le patrimoine ou juste une partie ou quelques enregistrements. C'est ce que j'ai pu faire, il y a quelques années, avec Yacine Bensemmane, fils d'un des maîtres de l'école d'Alger, Hadj Omar Bensemmane. Aussi, je sors un ouvrage à la fin du mois d'octobre aux éditions Barzakh. C'est un livre qui se prépare depuis une année en collaboration avec Saâdane Benbabaâli, professeur de littérature arabe à Paris III, spécialiste du mouwachah andalou. L'ouvrage est constitué de textes sur la musique andalouse, des détails sur la nouba, les trois écoles, etc. Il sera publié dans les deux langues, arabe et français.