En moins de dix minutes, des gradins entiers seront vidés de leur public sous une avalanche de jets de pierre. Dix minutes d'un véritable déluge digne des batailles rangées. Le traquenard dans lequel certains supporters oranais viennent d'entraîner le club sportif local, en l'occurrence l'ESM, n'est pas prêt de se refermer. Car en plus des dégâts matériels – le saccage des gradins et des structures d'accompagnement auraient été évalué à plus de 200 millions de Cts, ce sont les conséquences sur la suite du championnat qui risquent d'entraver définitivement la longue marche des espérantistes vers l'accession tant recherchée. Car les instigateurs de ces événements gravissimes qui auraient pu se solder par des pertes beaucoup plus dramatiques, avaient parfaitement calculé leur coup. Ne disposant pas encore d'une équipe performante, à même de s'imposer dans le championnat et de décrocher le retour tant espéré parmi l'élite nationale, les Oranais avaient manifestement la ferme intention de pousser leur équipe et surtout de s'imposer comme véritable douzième homme capable de renverser les situations les plus désespérées. Car le déplacement d'un aussi grand nombre de supporters déchaînés ne peut être expliqué uniquement par la courte distance qui sépare les deux villes voisines. Chez ces supporters endurcis et décidés, il y avait cette tenace volonté de ne pas perdre le moindre point, ni à domicile, ni à l'extérieur. Surtout que dans ce cas de figure – envahissement de terrain, arrêt avant terme de la rencontre et échauffourées dans et autour du stade- c'est le club qui reçoit qui trinque. Donc, la formule est toute trouvée. Du moment que l'ESM constituait un adversaire de taille susceptible de lui barrer la route de l'accession, le MCO n'avait d'autre choix que de ramener le maximum de point, voire de neutraliser son adversaire du jour. C'est d'ailleurs dans ce sens que la LNF aurait agit. En effet, les premières sanctions seraient tombées. C'est le MCO qui écope de 3 matchs à huis clos accompagné de 3 matchs avec sursis, tandis que l'ESM aurait eut droit à 1 match à huis clos et un match avec sursis. Une amende de 50 000 Da aurait été infligée aux deux clubs. Par ailleurs, concernant le match de vendredi dernier, la LNF aurait donné zéro points aux deux protagonistes. Ce qui aura d'insoupçonnables conséquences sur la suite du championnat, surtout pour Mostaganem qui jouait à domicile. L'avertissement vaut également pour l'ensemble des autres clubs qui seront appelés à accueillir la terrifiante galerie du MCO et qui pourraient être tentés de faire de l'ombre à l'ex-pensionnaire de la première division. Parce que l'absence du public va influer directement et de manière insidieuse sur les finances du club qui sera privé de recettes. Ce coup dur, l'ESM n'était nullement préparée à le subir sans aucune forme de recours. Car, en ce funeste vendredi, les milliers de supporters qui avaient fait le déplacement pour assister à un grand match, ne s'attendaient certainement pas à une issue aussi malencontreuse. Alors que la partie semblait tourner à l'avantage des Mostaganémois et que la mi-temps venait d'être sifflée, une partie du public oranais, pris de panique au vu du jeu développé par les Mostaganémois, tentèrent le tout pour le tout. Plutôt que de perdre, n'était-il pas plus judicieux de faire arrêter le match avec ce score de parité qui sauvait les apparences ? En moins de dix minutes, des gradins entiers seront vidés de leur public sous une avalanche de jets de pierre. Dix minutes d'un véritable déluge digne des batailles rangées. Une galerie surchauffée, des jeunes et des moins jeunes qui appellent au crime et des carreaux qui sont détachés pour fabriquer des projectiles à profusion auront suffit à emporter la décision de mettre fin à cette rencontre de tous les dangers. Il faudra bien expliquer pourquoi une galerie bon enfant se transforme en l'espace d'une seconde en commando dévastateur. Surtout qu'il n'existe aucun antécédent entre les deux clubs qui ont toujours entretenu les meilleures relations du monde. Très souvent, un supporter mostaganémois est d'abord un fan de l'ESM ou du WAM, l'autre club phare de la ville, mais le MCO a toujours une place de choix dans les cœurs des gens de Mosta. Conséquences dramatiques Alors, qui avait intérêt à semer la discorde entre les deux clubs et dans quels buts ? Il apparaît à l'évidence que les dissensions entre les protagonistes du MCO, qui se disputent la direction du club, ne sont pas étrangères à cette situation explosive. D'anciens dirigeants du club auraient effectué le déplacement la veille. Une rumeur persistante sur des contacts avec les dirigeants de Mostaganem est sur toutes les lèvres. Est-il vrai que ces contacts aient eu lieu ? Pour les inconditionnels de l'ESM, ceci ne fait pas l'ombre d'un doute. Alors y a-t-il eu tractations et entente ? Rien ne le prouve. Pourtant, la rencontre a bien été entachée par des échauffourées qui se seront soldées par des dizaines de blessés, plusieurs arrestations et cette batterie de sanctions. Pour Mostaganem, cette situation nouvelle n'avait pas été envisagée lors de l'entame du championnat. Pourtant, ses conséquences seront douloureuses et déterminantes pour la poursuite du parcours. Une alternative que ni le sympathique public de l'ESM, dont le fair-play est cité en exemple, ni la jeune et dynamique équipe dirigeante n'auront prévue. Que vont faire les autres clubs lors de la venue du MCO et de sa redoutable galerie ? Se préparer au pire ou accepter la loi de quelques énergumènes en mal de sensations malsaines ? Pour être complet, il est utile de signaler la présence sur les gradins d'un grand nombre de supporter du Widad qui n'ont pas pour habitude de rester les bars croisés face à l'agression. Car au niveau du service des urgences, la majorité des blessés se recrutaient parmi les supporters du MCO. Enfin, la déferlante qui aura saccagé l'hôtel situé à l'intérieur du complexe ainsi que la piscine ne peut pas être l'unique œuvre des « hamraoua ». Des mains farfouilleuses et des esprits mal intentionnés auraient participé à la casse. Le visionnage des images tournées par la police devrait éclairer l'opinion sur les instigateurs et les donneurs d'ordre à l'origine de ces troubles.