Morne plaine, lieu de haine, l'enceinte sportive du Commandant-Ferradj de Mostaganem aura abrité, en ce triste vendredi après-midi ramadhanesque, son plus affligeant spectacle, où la bêtise humaine s'est conjuguée à une violence vandale rarement vue de près pour dénaturer ce qui devait être un match de foot, le transformant en un désolant cimetière de vertus civiles. Virée dans l'enfer de Mosta. À l'origine… une simple banderole à l'effigie du Widad de Mostaganem, traditionnel rival de l'Espérance locale, mais allié d'un jour dans ce qui allait être une véritable chasse aux Hamraoua. Déjà bien avant que la rencontre ne débute, vers les coups de 13h50, cette banderole qui a fait son apparition à gauche de la tribune réservée aux Oranais a provoqué un jet nourri de projectiles que se sont échangés les supporters du MCO et ceux du WAM et de l'ESM réunis. Cette première bataille “aérienne”, qui a duré près de vingt minutes, a causé d'énormes dégâts à la cabine (dite) de presse, dont les vitres ont volé en éclats, provoquant un grand mouvement de panique parmi les gens de la corporation qui ont dû s'abriter sous des tables, accroupis, à plat ventre ou carrément recroquevillés en escargots sur eux-mêmes pour éviter les banderilles lancées à bout portant. Les hostilités ayant cessé le temps d'un premier half morose, devant l'impuissance d'un service de l'ordre largement dépassé par le cours brutal des évènements, la “guerre” entre supporters mostaganemois et oranais reprit de plus belle à la mi-temps. En nombre atteignant facilement les dix mille, les Hamraoua n'ont ainsi guère attendu d'être chargés pour lancer les hostilités, envahissant le terrain et repoussant avec férocité leurs vis-à-vis de l'Espérance, en nombre bien inférieur, jusqu'en dehors de la tribune qui leur a été réservée. Bien mal leur a pris puisque, confortés par leurs concitoyens venus en renfort, les supporters locaux répondront avec plus de violence et de sauvagerie à leurs clients du jour, les repoussant bien au-delà de l'espace qui leur est réservé. Sous le regard hagard des éléments de la Sûreté nationale, en nombre bien trop réduit pour pouvoir faire face avec efficacité à cette déferlante humaine qui a fait usage de tout objet dangereux (armes blanches, barres de fer, gourdins, pierres…) pour s'entretuer, l'herbe du terrain gazonné de ladite enceinte sportive recevra une bien inattendue irrigation… en sang humain qui giclera comme jamais auparavant. Chassés du complexe du Commandant-Ferradj qui a, du reste, été presque complètement dégradé (ndlr, les premières estimations évoquent le chiffre de deux milliards de centimes), les Hamraoua se retrouveront ensuite face à l'insoluble et ô combien dangereux dilemme de quitter une ville où, en ce vendredi de funeste mémoire, il ne faisait guère bon d'être oranais de cœur ou d'adoption, encore moins d'être drapé de rouge et de blanc. Ces combats de rue feront, d'après des sources hospitalières, plus de 45 blessés, dont 3 graves. Ceux qui ont eu à vivre un tel cauchemar en plein jeûne ont assisté alors à des scènes de barbarie intense, au cours desquelles même les supporters du MCO, qui ont cru bon se réfugier dans les mosquées, n'ont pu échapper à la furia des ultras de l'ESM. Comme en pareille circonstance, l'équipe première du MCO a été escortée par la police bien au-delà des “limites” administratives de la wilaya de Mostaganem. Elimam : “Le match est à rejouer” Avant que l'autocar transportant les joueurs ne quitta le stade, le président des Rouge et Blanc d'El-Hamri, Kacem Elimam, estimait, et dans un registre beaucoup moins extra-sportif, dans une déclaration à Liberté, que “le match était à rejouer”, préférant toutefois “attendre de savoir ce que contient le rapport rédigé par l'arbitre Djerboua pour prendre une décision officielle”. Estimant que “c'était au club recevant, à savoir l'Espérance de Mostaganem, de garantir et d'assurer la sécurité”, le Mouloudia d'Oran a, en tout état de cause, décidé de “saisir officiellement la Ligue nationale de football pour réclamer le gain du match, à savoir les trois points, ou tout au moins que le match soit rejoué sur un terrain neutre”. Sur le chemin du retour à Oran, les “séquelles” d'un tel périlleux déplacement étaient visibles à l'œil nu, aussi bien sur les véhicules et moyens de transport immatriculés 31 que sur les corps mêmes des supporters mouloudéens, qui ne se sont toutefois guère empêchés de composer un gigantesque cortège qui a bruyamment et (presque) joyeusement signé leur retour en ville. Et dire que tout au long de la semaine qui l'a précédé, ce déplacement du côté de la cité des Mimosas était considéré, par les supporters mouloudéens, comme le plus plaisant et l'un des plus agréables à effectuer en raison de la fluidité de l'axe routier Oran-Mostaganem et de l'hospitalité annoncée des supporters de l'ESM. Qu'en sera-t-il alors des virées obligatoires que le calendrier de la DII dicte à un MCO déjà attendu à Mohammadia (ex-Perrégaux) et Bel-Abbès. A. K.