Match arrêté à trois reprises, agressions sur les joueurs, Lang évacué à l'hôpital… Tout avait bien débuté en cet après-midi du 5 mars au stade du 19-Mai-56. Une belle affiche se présentait entre l'USMAn et la JSK pour le compte de la 21e journée du championnat national. Mais qui allait penser un seul instant que des événements allaient casser cette belle affiche en transformant le stade en une véritable arène. Une violence qui prend malheureusement de l'ampleur de jour en jour sous le regard médusé des joueurs, entraîneurs, services concernés mais aussi des amoureux du football. But de Bensaïd, première étincelle La première scène de violence éclaté en tout début de match, plus précisément au moment de l'ouverture du score par Bensaïd au profil des Canaris, soit à la 2'. Voyant leur équipe favorite menée à la marque, les supporters de l'USMAn ont exprimé leur mécontentement en commençant par jeter des bouteilles sur la pelouse, alors qu'il restait plus de 88 minutes de jeu. Même le banc des Kabyles n'a pas été épargné, puisqu'il a été bombardé de pétards, obligeant les joueurs de la JSK de changer de place en se mettant à l'abri, avant que le calme ne revienne quelques minutes après. Fin de la première mi-temps, début du calvaire Au moment où l'arbitre a sifflé la fin de la première période, les joueurs des deux côtés s'apprêtaient à regagner les vestiaires. Sauf que les choses ne se sont pas passées comme prévu. En effet, les supporters annabis ont commencé à jeter toutes sortes de projectiles sur la délégation kabyle qui s'apprêtait à rejoindre les vestiaires. Ni les dirigeants ni le service d'ordre n'ont pu faire face à ce comportement qui a condamné les joueurs de la JSK à rester sur la pelouse durant plusieurs minutes. 5 minutes plus tard, Lang évacué à l'hôpital En plus des joueurs qui sont restés sur la pelouse, un autre événement a éclaté cinq minutes après la pause. En essayant de calmer les esprits des supporters adverses et les dissuader de ne plus jeter de projectiles sur le terrain, le technicien français, qui n'est pas habitué à ce genre d'événement, a reçu un pétard qui a éclaté tout près de son visage, lui provoquant des bourdonnements d'oreille. Il s'est aussitôt dirigé vers le kiné du club Guillou pour se faire soigner. Soudain, il s'est évanoui, en perdant totalement connaissance. Il a été directement évacué à l'hôpital à bord de l'ambulance du stade. 15 minutes après, les joueurs enfin aux vestiaires ! Devant cette situation qui ne pouvait plus durer, les responsables du stade avaient pris la décision de changer l'entrée des vestiaires des Canaris en les emmenant du côté des vestiaires des Annabis. Aussitôt, les camarades de Abdeslam ont pris refuge dans l'accordéon qui mène aux vestiaires. Ils ont donc passé au total 15 bonnes minutes sur la pelouse avant de pouvoir respirer un air de repos, mais aussi de reprendre leurs esprits, après tout ce qu'ils ont enduré. Une dizaine de supporters f… la pagaille devant les vestiaires kabyles Après avoir rencontré d'énormes difficultés pour regagner leur vestiaire, les joueurs de la JSK ont eu la surprise de voir une dizaine de peseudo-supporters se rassembler devant la porte pour tenter d'y pénétrer. Pris de la panique, les dirigeants kabyles ont aussitôt fermé la porte des vestiaires. Par la suite, les services de police se sont précipités pour sécuriser les lieux. Seulement deux supporters ont été arrêtés, tant dix que les huit autres se sont échappés, on ne sait par où ! La question est de savoir comment ces énergumènes ont pu atteindre les vestiaires de la JSK devant un service de sécurité renforcé. La question est renvoyée aux responsables du stade. La seconde période reprend avec 25' de retard Bien évidemment, tous ces évènements se sont répercutés négativement non seulement sur le moral des joueurs mais aussi sur le début de la seconde période. En effet, après avoir rejoint les vestiaires, les 22 acteurs ont fait leur réapparition avecx un retard de 25 minutes. Le moral à plat, les camarades de Abdeslam ont pris la décision de reprendre le jeu et d'essayer d'évacuer tout ce qui se passait en dehors du terrain. 69', l'arbitre assistant touché par un projectile Décidément, les événements semblaient ne plus pouvoir se terminer. A la 24' de la seconde période, l'arbitre assistant qui se trouvait du côté des tribunes d'en face a été victime de jets de projectiles au niveau du dos. Ne pouvant pas se tenir debout, le troisième arbitre a pénétré sur la pelouse se tordant de douleurs. Une minute plus tard, le match a repris. 70', affrontement entre supporters et service d'ordre Après avoir balancé des projectiles sur l'arbitre assistant, les services de l'ordre sont intervenus au niveau des gradins pour remettre de l'ordre. Ce qui a provoqué un affrontement entre ces derniers et les supporters qui ont commencé à jeter les pierres. Il a fallu attendre une dizaine de minutes pour revoir le calme revenir dans les gradins. 72', deux supporters pénètrent sur la pelouse Deux minutes plus tard, deux supporters ont pénétré sur la pelouse du stade, ce qui a provoqué, encore une fois, l'arrêt de la rencontre. Le service d'ordre, qui a eu du pain sur la planche, est in tervenu une énième fois pour faire sortir les deux intrus. Cet incident a causé l'arrêt de la partie durant cinq minutes devant l'incompréhension totale des joueurs qui, décidément, ne comprenaient plus rien à ce qui se passait autour d'eux. 74', retour de Lang 29 minutes après le début de la seconde période, le premier responsable à la tête de la barre technique de la JSK est revenu au stade, après son évacuation à l'hôpital pour une consultation. Ce qui est sûr, c'est que Lang avait repris ses esprits. Pour preuve, il était en effervescence dès son retour de l'hôpital, même trop excité, vu qu'il a été expulsé du terrain après contestation auprès de l'arbitre. A. A. * Hannachi : «Ce genre d'incidents prouve que notre football est parti» « Je déplore ces événements. Si cette rencontre avait été télévisée, cela aurait été très grave de les suivre en direct. Pour ce qui est du projectile qui a été lancé au visage de l'entraîneur, je dirai que c'est une chose inadmissible, car le fait qu'on l'évacue à l'hôpital, c'est que c'est très grave. Il a passé une radio, car il a perdu connaissance. Je suis heureux de la victoire d'aujourd'hui, mais déçu, car il n'y a plus de football dans notre pays. Je dirai que l'arbitre a une grande part de responsabilité sur ce qui s'est produit, car il a perdu le contrôle de la rencontre. » A. A. * Lang : «Après tout ce qui s'est passé à la mi-temps, le match ne devait pas reprendre» « J'avais totalement perdu connaissance au bout d'un moment. Lorsque j'ai reçu le pétard, je n'entendais plus rien. Par la suite, on m'a évacué à l'hôpital par précaution. Maintenant ça va beaucoup mieux, même si j'ai un peu mal à la tête (entretien réalisé jeudi, ndlr). Je dois juste passer un contrôle de l'oreille. J'estime qu'un match pareil ne peut jamais reprendre. Même l'arbitre assistant a reçu un projectile. Ne pas punir un geste pareil encourage la violence dans les stades. » * Abdeslam : «On ne s'attendait pas à vivre de tels événements » «Malgré la victoire, nous sommes quelque peu déçus par tout ce qui s'est passé. Le public n'a vraiment pas été à la hauteur. On ne s'attendait pas à vivre de tels événements. Nous sommes venus jouer une rencontre de football et à la fin, on se retrouvé au milieu de jets de projectiles. Malgré cela, nous sommes restés sereins et le plus concentrés sur notre tâche. Si une autre équipe était à notre place, elle n'aurait sûrement pas supporté une telle pression. » A. A. * Bensaïd : «Le public a exprimé son mécontentement» «Je déplore bien évidemment ce qui s'est passé au stade comme événement qui sort du cadre sportif. Je dirai que le public de l'USMAn, que je connais très bien, a exprimé son mécontentement après avoir encaissé un but prématurément. J'ai passé sept ans à l'USMAn et je connais parfaitement les supporters de la région. C'est pour cela que vu le contexte de la partie, ce genre d'incidents est un signe de contestation, rien de plus. » A. A.