L'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution de Annaba réitère, dans un communiqué rendu public, son appel à la fermeture de la cimenterie Hjar Essoud de Ben Azzouz (wilaya de Skikda). Les atteintes à l'environnement et surtout à la santé humaine et animale que génèrent les émanations poussiéreuses et de gaz toxiques ont atteint des proportions assez inquiétantes. C'est du moins ce à quoi ont abouti les investigations menées sur le terrain par l'association au niveau de l'usine et auprès des populations des agglomérations les plus touchées, aussi bien à Skikda, à Annaba qu'à Guelma. Se référant à de récentes études scientifiques effectuées sur la question, l'Anpep indique que le taux de prévalence des maladies occasionnées par les émanations de poussières et de gaz de l'usine est de l'ordre de 27%. Outre l'asthme et autres problèmes respiratoires, les allergies, les inflammations des yeux, et les maladies de la peau demeurent les plus répandues. Et ce sont, sans conteste, les populations des communes limitrophes de l'usine qui sont et restent les plus exposées. Il s'agit surtout de Bouati à Guelma, Aïn Cherchar, Ben Azzouz et Bekouche Lakhdar à Skikda, et enfin Berrahal et El Eulma à Annaba. En outre, ajoute l'Anpep, les éleveurs de ces localités, déplorent annuellement d'importantes pertes en terme de têtes ovines, bovines et volailles. Ces pertes sont essentiellement dues aux maladies contractées en broutant. Les scientifiques ont estimé le taux de prévalence de diverses maladies à 40 %. Le même constat est établi en ce qui concerne les retombées environnementales de l'usine Hjar Essoud. Les terres agricoles en sont ainsi d'autres victimes. Plusieurs hectares de terres qui faisaient la fierté de ses hommes et faisaient vivre des centaines de familles, ont été réduits à des espaces où même les herbes les plus folles et les plus coriaces ne sauraient vivre. Pour les terres les plus à l'abri, mais pas épargnées des atteintes dues aux fumées et rejets poussiéreux, les rendements à l'hectare ont été amputés de plus de la moitié. Sur ce plan, les auteurs des études effectuées situent le seuil des dégâts occasionnés autour de 60 %. « Face au mutisme des responsables de la cimenterie pour qui, penser à une quelconque démarche de dépollution est loin d'être l'un de leurs soucis, nous appelons les plus hautes autorités du pays à intervenir et à prendre les mesures qui s'imposent. La situation a atteint son paroxysme. Il y va de la vie de plusieurs milliers de personnes », interpelle l'Anpep, tout en exigeant l'indemnisation des communes sinistrées conformément aux lois de la République et à la politique du développement durable, chère à Chérif Rahmani. Car, ajoute t-elle, « c'est un crime contre l'humanité et la nature qui est commis dans l'indifférence et la placidité de tout le monde. C'est pourquoi nous demandons la fermeture définitive de l'usine et sa réimplantation ailleurs, comme nous exigeons que soient indemnisées toutes personnes morales ou physiques ayant souffert de la pollution générée par l'usine et de quelque nature qu'elle soit ».