Les Etats-Unis ont lancé un plan radical d'assainissement des actifs financiers « toxiques » et ont instauré la limitation drastique des ventes à découvert pour stopper l'hémorragie qui frappe les banques américaines touchées de plein fouet par la crise financière. Ces mesures ont été accueillies avec soulagement dans les différents marchés boursiers qui ont été secoués par l'une des plus graves crises de leur histoire. Ces mêmes marchés ont rebondi hier de manière spectaculaire. A la mi-journée en Europe, l'indice FTSEurofirst 300 gagnait 6,56%, le CAC 40 à Paris 6,86%, la Bourse de Londres 8,03% et celle de Francfort 4,39%. Aussi, le secteur bancaire reprenait son souffle avec un rebond de 16%. En effet, Royal Bank of Scotland prenait 43%, Barclays 32%, UBS 30%, le Crédit Agricole et Dexia plus de 20%. Les initiatives se sont multipliées pour mettre fin à plusieurs jours de turbulences. Ainsi, le Trésor américain a annoncé hier qu'il allait garantir les actifs des fonds monétaires jusqu'à 50 milliards de dollars, afin d'assurer la solvabilité et de maintenir la confiance pour ces produits financiers. Les fonds monétaires sont des instruments financiers généralement considérés comme sûrs et qui, selon le Trésor, « jouent un rôle fondamental dans le financement des marchés des capitaux des institutions financières ». « Maintenir la confiance dans le secteur des fonds monétaires est essentiel pour protéger l'intégrité et la stabilité du système financier mondial », affirme le département du Trésor dans un communiqué. Cette garantie sera financée sur le fonds de stabilisation des opérations boursières (Exchange Stabilization Fund) dont la création remonte à 1934. Parallèlement au déversement de liquidités des autorités monétaires, les grandes banques dans le monde, en l'occurrence la FSA britannique, la SEC américaine et SWX, l'opérateur du marché suisse, entre autres, ont annoncé de manière temporaire de limiter, voire une interdiction totale des ventes à découvert sur les valeurs financières. Alors que l'Autorité des marchés financiers (AMF) à Paris n'a pas interdit cette pratique, celle-ci devrait favoriser à Wall Street la poursuite du rebond. Aussitôt annoncé, les premières informations sur les préparatifs d'un plan de reprise par l'Etat des actifs les plus « toxiques » des institutions financières privées ont fait gagner au marché local une plus forte hausse en pourcentage depuis six ans. Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor, et Ben Bernanke, président de la Fed, se sont mis d'accord sur la poursuite des discussions avec le Congrès sur ce projet. Ce haut responsable US veut constituer un fonds similaire au Résolution Trust Corp, créé pour nettoyer les bilans des caisses d'épargne à la fin des années 1980, qui avait coûté près de 400 milliards de dollars pour le contribuable. Pour lui, cette nouvelle structure reprendrait les actifs jugés les plus risqués des banques, comme les prêts immobiliers « subprimes » ou certains dérivés de crédit. Cette stratégie avait déjà été employée dans les années 1980 aux Etats-Unis pour sauver de la faillite le réseau des Caisses d'épargne (Savings & Loans banks) en pleine déroute et, en France, pour sauver le Crédit Lyonnais de la faillite au début des années 1990. Il s'agit d'une mesure extrême, dont le coût final est supporté par le contribuable, dans la mesure où la structure essuie généralement de lourdes pertes. De son côté, Dariusz Kowalczyk, directeur des investissements de CFC Seymour à Hong Kong, est venu conforter les propos du secrétaire américain au Trésor, en affirmant que cela relève d'« une approche plus globale et plus systématique que les interventions au cas par cas des derniers jours ». A en croire deux assistants d'élus au Congrès, le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, se démène comme un diable afin de mettre les contours de création du fonds en question. Celui-ci a indiqué que les mesures en faveur des banques envisagées par le gouvernement américain allaient coûter des « centaines de milliards » de dollars.