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La démocratie à l'école !
Publié dans El Watan le 20 - 09 - 2008

« Ainsi l'arrêt du processus de développement industriel, le démantèlement de son organisation de recherche, l'arabisation de l'enseignement sans préparation ni planification... décidés par des dirigeants inconscients, à partir de 1979, ont fini par acculer l'Algérie dans un cul-de-sac historique. »Mahfoud Bennoune ln Education, culture et développement en Algérie. P.S8
Il y a quelque temps, le ministre de l'Education nationale a annoncé, contre toute attente, qu'il allait « faire entrer la démocratie à l'école ». La démocratie serait-elle devenue une nouvelle matière que nos maîtres auraient à enseigner à nos enfants à la prochaine rentrée scolaire ? Alors que tout le monde sait que la démocratie est un long processus qui produit une forme de culture consacrant la liberté de l'homme et un type de rapport entre gouvernants et gouvernés ! Déjà à ce niveau, surgit comme une énorme interrogation et se profile un colossal paradoxe.
Comment des enseignants, chaque fois que leur est venue l'irrépressible et légitime envie de réclamer leurs droits, en manifestant pacifiquement par un innocent sit-in devant le siège de l'une des institutions ayant pouvoir sur rue, s'étant fait tabasser, sans vergogne ni retenue, vont-ils pouvoir expliquer « in vitro » à nos enfants la démocratie, les droits de l'homme, du citoyen, de la femme... ou de l'enfant qui les concernent au premier chef ? Etonnante proposition ou courageuse décision ? Mais examinons de plus près cette nouvelle et surprenante proposition sortie tout droit, à n'en pas douter, du fameux dossier de la réforme dont tout le monde parle mais qui, comme l'arlésienne, n'est vue par personne. Un autre processus de démocratie, initié en vase clos, même s'il intéresse tout un peuple, notamment celui des enseignants, des parents d'élèves et surtout des élèves qui n'ont jamais pu donner leur avis à propos d'une réalité qui les regarde au premier chef.
Mais comme cela fait partie du secret, de l'opaque et des transparences alambiquées, servies au compte goutte, puisque sécurité d'Etat oblige, attendons patiemment que les révélations nous soient faites. Comme, entre autres, les énormes difficultés qui attendent nos enfants au niveau de l'enseignement moyen durant cette rentrée. Difficile situation qui serait due à un télescopage entre l'ancien système et le nouveau, d'une école toujours « démocratiquement » administrée par le haut ; toute chose déjà connue, puisque nous avons connu pareille mésaventure lors de l'application du système de l'école fondamentale.
Toutefois, l'annonce prématurée de catastrophes à venir est devenue une technique-parapluie habile, une pirouette-dédouanement bien rôdée ; d'autant que la réforme aura alors bon dos pour expliquer et faire excuser Ies imprévisions et les flops de planification de flux d'élèves ou de cohortes mal orientées, comme le disent si bien statisticiens et autres « orientateurs » scolaires. Faire entrer la démocratie à l'école : n'est-ce pas changer la nature du système ? En un mot comme en mille, faire entrer la démocratie à l'école, c'est quoi ? Quel type d'enseignement ou quelles nouvelles pratiques et organisation du système scolaire et/ou de la classe, cela va-t-il provoquer ? Quelles conséquences cela va-t-il entraîner sur le système éducatif dans son ensemble ? Les programmes, les horaires et les méthodes pédagogiques ?
Quels effets sur la société qui vit un déficit de démocratie chronique et manifeste depuis si longtemps ? Dans une génération ou deux, parce que c'est en génération qu'il faudra évaluer les effets prévisibles d'une aussi importante décision, quel sera le visage de la société algérienne ? Quelles conséquences sur la vie politique, où les partis sont voués à la disparition à terme, sauf s'ils ont l'heur d'appartenir à la sainte alliance ou à l'immense parti unique, né après octobre 1988, et constitué par ce que les Algériens appellent pudiquement le système ou les services ? Quelles retombées – nous ne parlons pas en termes de gourdins – sur les syndicats autonomes, dont ceux des enseignants sont les plus remuants, au point de ne savoir rien faire d'autre, comme à Constantine ou ailleurs, que d'aller se faire bastonner par leurs anciens élèves nouvellement recrutés par la police ?
Ou, plus près de nous, les participantes et participants au sit-in de soutien aux contractuels grévistes de la faim se sont vus, non seulement refuser l'accès au ministère de l'Education nationale, mais ont goûté au langage châtié de l'insulte et du gourdin. Quelle belle leçon de démocratie en acte donnée par le ministre et ses gardes ! Dont un commis méprisant, aussi bien pour le citoyen que pour les enseignants contractuels, lorsqu'il déclare que les grévistes ne sont que « des citoyens en grève de la faim » ! A-t-on pensé aux troubles psychologiques qui frapperaient nos enfants, lorsqu'en sortant de « l'école démocratique », il leur venait à l'esprit d'appliquer ce que l'on vient de leur enseigner et de se retrouver face à une brigade anti-manif, comme cela s'est déjà passé en mai ?
Ou plus simplement en voyant leurs enseignants interdits de marcher ou de s'asseoir pour réclamer les droits qui leur sont dus ? Ou leurs parents ne pas aller voter au prochain référendum, comme ils l'ont fait aux dernières élections et les entendre dire que « de toutes les façons cela ne servait à rien, puisque tout est combiné à l'avance ». Belle leçon de contradictoire démocratie, puisque l'école et la société au lieu d'évoluer ensemble jouent chacune dans son pré carré ; en ignorant l'autre à cause des lois de la République, démocratique et populaire, soit dit en passant. Au lendemain de l'indépendance, des expériences de pédagogie active et de démocratie scolaire participative ont été tentées. Limitées, certes, elles ont eu tout de même l'avantage d'exister aux lycées Amara Rachid et El Mokrani. Des expériences similaires devaient être tentées dans d'autres établissements, tous portés que nous étions par le souffle et l'enthousiasme de la révolution.
Lorsque les portes de l'ijtihad se ferment que devient la démocratie ? Nous avons ainsi avancé pendant plus d'une dizaine d'années croyant aux lubies de la construction de « l'homme nouveau ». Puis, progressivement les ailes de l'enthousiasme fléchissant sous les coups de boutoir du conservatisme, les portes de l'ijtihad se fermèrent sur une école fondamentale dont la production est connue de tout un peuple. Il ne suffira pas d'évoquer le sobriquet de « fawthamentale » qui lui fut accolé pour démontrer les lacunes, insuffisances et dysfonctionnements d'une institution n'ayant pas les moyens humains, didactiques et matériels de ses ambitions, notamment ses prétentions « modernistes » détournées ostensiblement par les cohortes de l'archaïsme pédagogique et de la régression scientifique.
Il n'était plus question d'y adopter la démarche expérimentale, de démontrer, preuves à l'appui, les hypothèses forgées par l'observation rigoureuse et l'esprit critique, mais essentiellement de croire ! Au cours de cette ténébreuse et chaotique parenthèse où le croire supplanta l'esprit critique et la démarche expérimentale, il faut bien reconnaître que la démocratie à l'école n'avait nulle place, puisqu'à la mosquée du quartier, elle était frappée d'anathème et crucifiée comme « kofr » par un certain Belhadj ! Replacée dans cette perspective, il convient d'admettre que la velléité exprimée par le ministre de l'Education nationale, malgré toutes les interrogations, préventions et contradictions qu'elle charrie, vaut son pesant d'or démocratique.
Cette louable et courageuse intention en a surpris plus d'une et d'un, et tout un chacun voudra la mesurer à l'aune de l'action réelle sur le terrain. Et le terrain, comme les faits qu'il produit, est impitoyable. L'affaire des enseignants contractuels en grève de la faim est un cruel démenti aux « démocratiques » tartarinades émises par le ministère de l'Education nationale. Au siècle du cinquième paradigme... que faire ? Par ailleurs, tout le monde sait que le 21e siècle sera le siècle du cinquième paradigme qui, après ceux des révolutions agropastorale, copernicienne, cartésienne et industrielle, est en train d'émerger de la conjonction entre sciences de la complexité et théorie du chaos. Le siècle de la science et du savoir partagé, de l'imagination et de la créativité qui seront aux postes de commande d'un monde en perpétuels mouvement et changements.
Tout le monde sait également, qu'en son temps et à son apogée, la civilisation musulmane s'est imposée au monde, en fondant sa puissance non seulement sur la force de ses armées, mais surtout sur le rayonnement des sciences, des arts et d'une foi éclairée. Et tout le monde sait aussi que son déclin a commencé et s'est irrémédiablement consommé lorsque les portes de la science et de l'ljtihad ont été fermées par des potentats, soucieux de leur seul pouvoir, soutenus par de serviles fouqahas. Aujourd'hui, les Algériennes et les Algériens prennent conscience, de plus en plus largement, que le temps de l'or noir est désormais révolu et que dans deux ou trois décades – le temps d'une génération – il faudra inventer de nouvelles énergies.
Qu'il nous faudra profiter de ce répit pour asseoir les fondements d'un véritable essor scientifique et technologique, et donner au pétrole gris, celui des neurones et des synapses, les meilleures chances de s'exprimer et de se développer, au bénéfice de notre peuple et non de ceux des Amériques et de l'Europe. Pour cela et nous le savons tous, l'école algérienne a besoin d'une réforme profonde, démocratiquement débattue, quels qu'en soient les débordements et les risques prévisibles pour la sortir à jamais des poncifs de la pensée dominée par les constantes nationales et les sempiternelles jérémiades relatives au « ghazw ethaqafi ». La meilleure façon de se prémunir de l'agression culturelle – si tant est que cette vieille lune de la pensée conservatrice ait encore des chances de survie face à la mondialisation – n'est-ce pas de nous imposer par nos inventions scientifiques et technologiques et par la richesse de notre production intellectuelle ?
Et donc changer notre regard sur le monde et, d'abord, sur nous-mêmes ! Faute de quoi, nous serions appelés à devenir une entité chaotique ingouvernable (ECI), selon l'expression de l'économiste Oswaldo de Rivero. Est-ce pour cela que tant de vies, hier et aujourd'hui, ont été sacrifiées ? Alors, sans hésitation aucune, chiche, que la démocratie entre réellement à l'école et régénère toute la société !


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