Du puissant complexe de sidérurgie qui vient tout juste de fêter le 3e anniversaire de sa privatisation, à l'intelligence des composantes des différentes facultés de l'université Badji Mokhtar sans oublier le savoir-faire exemplaire d'une multitude de sociétés privées, la daïra d'El Hadjar, avec ses deux grandes communes El Hadjar et Sidi Amar, accueille sur son territoire de nombreux autres acteurs. Intéressés par le programme de relance économique, ces derniers devaient mettre les jalons indispensables pour répondre efficacement aux mutations sociales et économiques que connaît le pays. Moteur de développement de toute la région s'étendant jusqu'aux confins des frontières de Souk Ahras à Guelma et d'El Kala à Tébessa, cette daïra s'est transformée en un frein à la croissance. Lundi dernier, la visite de toute une journée d'inspection et de travail du wali dans ces deux communes, a mis à nu un grand nombre d'anomalies. « Mais qu'est-ce que vous faites donc ! Si vous ne naviguez pas à vue, vous traficoter. Vous multipliez les projets sans les suivre dans un but évident de multiplier le flou dans la gestion de vos affaires. A la direction du logement et des équipements publics, il y a des ogres et à Sidi Amar beaucoup d'aventuriers. Les communes sont dans une situation catastrophique. Je ne comprends pas qu'on puisse bloquer un investissement de 300 millions de dinars mobilisés depuis 3 années pour la réalisation à Sidi Salem d'un marché, gros créateur de 1300 emplois ». Ces passages de déclarations successives de M. Bensebane sont révélateurs de l'état de déliquescence appliquée dans la gestion de toute la wilaya par l'ancien collège exécutif. Ces déclarations mettent également en relief l'étendue des magouilles, des compromissions, des corruptions et trafics d'influence dans lesquels se mouvaient ceux qui avaient la responsabilité directe de cette gestion. Que ce soit à El Hadjar ou à Sidi Amar, le wali n'a pas cessé d'exprimer des remarques, accusations et dénonciations de situations anarchiques où l'argent du contribuable servait à l'enrichissement de certains élus et gestionnaires publics. « Vous avez des ogres dans votre institution. Vous devez reprendre la situation en main. A défaut, chacun assumera ses responsabilités ». La mise en garde est adressée au premier responsable de la direction du logement et des équipements de la wilaya. Elle fait suite à la dénonciation d'un entrepreneur d'un blocage de ses paiements de situations. Publiquement exprimés, les propos ne laissent prêter à aucun doute quant à la démarche qui lui a été proposée pour percevoir son dû : « Comment voulez-vous qu'on puisse avancer le projet, lorsque depuis des mois, je ne cesse de frapper à toutes les portes pour percevoir le règlement d'une facture de 2,50 millions de dinars. L'Etat m'a commandé des travaux que j'ai réalisés en investissant tous mes biens. On cherche à m'imposer une solution que je ne peux accepter car elle ne correspond pas à mes principes. » Les projets lancés et dont les travaux sont en cours, suspendus ou auraient dû être entamés depuis longtemps sont légion. Sur la base d'un contrat wilaya/communes de plusieurs centaines de millions de dinars, sous-tendus par des budgets en progression grâce aux programmes de relance économique et celui complémentaire initiés par le président de la République, ils sont destinés à amplifier la reprise économique Sur le terrain, les prémices de cette relance ne se dessinent toujours pas. La prise en charge des préoccupations des citoyens en matière de logements et conditions de vie semble être le dernier des soucis des élus. « Je ne parle pas en l'air. J'ai des dossiers », a affirmé le directeur de l'exécutif s'adressant aux présidents des APC d'El Hadjar et de Sidi Amar. Il a ajouté à propos de l'agence foncière intercommunale : « Je ne veux plus entendre parler de cette agence foncière. Dissoute, elle continue à activer avec des agents qui veulent imposer leur loi notamment aux candidats à l'acquisition d'un logement social participatif. Ils n'ont plus rien à faire. Je ne veux plus en entendre parler. » En parlant de dossiers, le wali faisait-il allusion à ces 5 terrains dans la commune d'El Eulma attribués en catimini à un seul commis de l'Etat, muté depuis dans une autre région ! Parlait-il de ces dossiers d'attribution de terrains à Sidi Amar et Annaba que l'ancien directeur de l'agence foncière avait signés au bénéfice d'un « pistonné » avant d'être dégommé 6 mois à peine après avoir été nommé à ce poste ? Agissait-il ainsi sur la base des conclusions des différentes brigades enquêtant sur les réalisations de projets à l'origine de plusieurs scandales dans les deux communes d'El Hadjar et de Sidi Amar ? M. Bensebane n'en dira pas plus. Son visage cramoisi par une sourde colère difficilement, contenu à chacune des 24 étapes de sa visite était très expressif quant à ce qu'il pensait de ses interlocuteurs. Pas une seule fois, les responsables interpellés n'étaient arrivés à argumenter ou à justifier l'opportunité de tel ou tel autre projet le plus souvent décidé unilatéralement par un des présidents d'APC. « Commencez par vous corriger d'abord avant de vouloir corriger les erreurs dans la réalisation de vos projets. En les multipliant, vous rendez impossible tout suivi ou contrôle. » Rappelons que cette impossibilité de suivre et de contrôler les projets mis à exécution a valu à l'une des communes une instruction judiciaire sur la base d'un rapport long de 236 pages. Une autre APC pourrait suivre avec les nombreuses anomalies relevées par des inspections dépêchées par le ministère de l'Intérieur.