Demain dimanche, Lakshmi Mittal, le grand patron du groupe indien Mittal Steel Company, et son plus proche collaborateur, Malay Mukherjee, seront reçus par Abdelaziz Bouteflika, président de la République. Au menu de la rencontre, l'acquisition par Mittal Steel, le premier producteur mondial de l'acier, du reste des unités de production sidérurgique encore propriété des entreprises publiques économiques Sider, TPL, Anabib du holding Transolb. Avec une présence dans 18 pays sur 4 continents, classé parmi les 500 premières entreprises à l'échelle planétaire, où il occupe la 253e place en termes de chiffre d'affaires, le groupe Mittal Steel se classe 55e dans les profits réalisés. Il reste l'un des candidats les plus sérieux pour disposer des restes du patrimoine sidérurgique algérien. D'autant plus sérieux quand on sait que Lakshmi Mittal a publiquement exprimé l'intéressement de son groupe aux activités liées à la prospection et à l'exploitation pétrolière en Algérie. Interrogés, plusieurs économistes en poste à l'université Badji Mokhtar ont estimé que ce dernier dossier motiverait le déplacement du patron indien à la présidence de la République algérienne. La présence aux côtés de ce dernier, Malay Mukherjee, son chargé de pouvoir pour tout ce qui porte sur de nouvelles acquisitions, plaide pour des discussions sur des opérations d'achat et de partenariat. Après le complexe sidérurgique d'El Hadjar et ses principales unités de production, Mittal Steel a soumissionné pour s'approprier les tuberies de Ghardaïa et d'El Hadjar, les unités d'emballage Algal d'Azzaba, de M'sila et de Réghaïa et aussi celle de transformation des produits longs. Pour montrer sa détermination à ne pas lâcher tout ce patrimoine, propriété de différentes entreprises du Holding Transolb, Mittal Steel a revu à la hausse et par deux fois ses propositions de prix. « Je confirme l'arrivée de Lakshmi Mittal notre grand patron et celui du groupe Mittal Steel, leader mondial de l'acier. J'ai effectivement entendu dire qu'il devrait être reçu par notre président de la République avec lequel il doit discuter de certains dossiers, dont celui de la cession de ce qui reste du patrimoine productif des entreprises du portefeuille Transolb. Je ne peux rien dire de plus », a affirmé Aïssa Menadi, secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar et du conseil syndical de la société Mittal Steel El Hadjar. Sanjay Kumar le directeur général du complexe sidérurgique El Hadjar et M. Mattew son proche collaborateur et porte-parole de la société sont restés injoignables malgré nos tentatives. Le déplacement du big boss du groupe indien se justifierait par la présence de pas moins de onze autres groupes industriels étrangers. Ils se présentent tous comme étant de sérieux concurrents à l'acquisition des unités de production sidérurgique et tuberies à privatiser. Dans le lot, on trouve Daewoo International, la STS Espagnole et le saoudien Arabe Pipe. Un autre groupe sud-coréen est aussi en lice. Son président-directeur général est inscrit sur la liste des audiences de ce lundi 4 décembre accordées aux personnalités étrangères par le président de la République. Le responsable coréen arrivera à Alger accompagné d'une équipe de télévision pour les besoins d'un documentaire sur l'ensemble des unités sidérurgiques engagées dans la privatisation. Tout ce monde a gêné le géant mondial de l'acier Mittal Steel. Ce qui lui aurait imposé de démontrer, ces derniers mois, ses bonnes dispositions à investir en Algérie et à redéployer ses activités. Outre la création d'une société mixte de transport ferroviaire du minerai de l'Ouenza en partenariat avec l'entreprise algérienne Ferphos, Mittal Steel lancera à partir de janvier 2007 la société de production de tubes tous types confondus. « Nos responsables doivent faire très attention dans la démarche de privatisation de nos entreprises. Pour éviter toute mauvaise surprise, les candidats à l'acquisition ou au partenariat doivent présenter de sérieuses garanties. J'ai la certitude que le patron de ce groupe indien est venu parler prospection et extraction pétrolières avec notre Président. Il sait, par ailleurs, que les unités de production sidérurgique qu'il veut acquérir ne lui échapperont pas. Ce qui prouve la présence à ses côtés de Mukherjee, l'homme qui a le don de flairer les bonnes occasions », a affirmé Mohamed Sari, professeur en économie à l'université Badji Mokhtar. A maintes reprises, cet universitaire s'est fait remarquer par ses innombrables et pertinentes analyses économiques en Algérie et dans le monde. Rappelons que Mittal Steel est cotée aux bourses de New York et d'Amsterdam. Il est le n°1 mondial de l'acier avec une production de 65 millions de tonnes, une capitalisation boursière de 18,5 milliards de dollars (2004), un chiffre d'affaires de 31,5 milliards de dollars, un bénéfice opérationnel de 7 milliards de dollars et un endettement de 3,2 milliards de dollars. Mittal Steel, qui fait travailler 220 000 personnes de 45 différentes nationalités produit une large gamme de produits. Le groupe Mittal Steel est le résultat d'une fusion des groupes sidérurgiques LNM Holding et Ispat International NV .