Il a commencé son périple par la rencontre de la communauté nationale à l'étranger à Paris. Ce premier rendez-vous de Djamel Ould Abbès avec des Algériens résidents en France et des Franco-Algériens a été « chaud » et « animé ». Le ministre chargé de la Communauté nationale à l'étranger a dû en convenir. Paris : De notre bureau Interpellé, voire bousculé par certains intervenants qui n'ont pas usé de la langue de bois quand il a annoncé qu'il était venu pour « organiser », « rassembler » et « mobiliser » la communauté algérienne à l'étranger – termes qui rappellent une époque révolue –, ajoutant « pour écouter et recueillir idées et propositions », avant de présenter un programme d'actions de cinq axes concocté par son département ministériel. Le plan d'action destiné à « améliorer la situation des Algériens résidant à l'étranger », tel que présenté par Djamel Ould Abbès, est un catalogue de mesures. « Ce plan, qui s'étale sur la période 2008-2013, a pris en considération les spécificités de la communauté algérienne à l'étranger et les développements survenus sur les plans démographique et structurel. Il vise à cerner les points forts et les dysfonctionnements au niveau de la gestion de la situation de la communauté algérienne résidant à l'étranger », a souligné le ministre. Le diagnostic établi par le rapport fait ressortir une « insuffisance d'activités socio-économiques et culturelles en direction des ressortissants algériens », des « difficultés de tout ordre dans le pays hôte », une « insuffisance en matière d'information et de communication avec et en direction de la communauté », des « difficultés en matière de préparation au retour », une « insuffisance en matière de protection ». Quant aux actions menées depuis juin 2008, elles consistent en des opérations de vacances et d'échanges en direction d'enfants de la communauté nationale à l'étranger, d'un « dispositif d'accueil, d'orientation et d'information » mis en place dans les ports, aéroports et frontières terrestres, un service d'écoute et d'orientation composé d'un téléphone vert, de trois lignes spécialisées, d'une équipe d'écoutants. 100 000 cartes d'information ont été distribuées à l'arrivée et au départ des ressortissants. Seront mis en place un organe consultatif représentatif de la communauté nationale établie à l'étranger ; un comité national intersectoriel de la communauté à l'étranger ; un observatoire algérien de la migration internationale, un fichier des compétences scientifiques et techniques nationales et de l'élite vivant à l'étranger. Parmi les activités d'information et de communication, le ministre cite la mise en place d'un réseau de ressortissants algériens vivant à l'étranger : associations, personnalités influentes ; organisation d'un « forum national des compétences » ; création d'un site internet interactif et d'une revue ; élaboration de supports médiatiques pour faire connaître les réalisations et les opportunités d'investissement en Algérie ; consolider et réorganiser les associations d'Algériens vivant à l'étranger. Le catalogue se poursuit par d'autres actions socio-économiques, éducatives, sportives, cultuelles et culturelles, de protection… « Notre communauté constitue une force avec laquelle il faut compter dans le pays d'accueil. Elle constitue surtout un véritable trésor pour l'Algérie avec laquelle elle conserve des liens affectifs intenses, car tous nos compatriotes, qu'ils soient résidents ou binationaux, sont fiers de leur algérianité, et le clament haut et fort », a souligné pour sa part le consul général de Paris, hôte de ce iftar-débat organisé vendredi soir. Et de rappeler que les Algériens, résidents ou binationaux confondus, « constituent, aujourd'hui, la communauté d'origine étrangère la plus importante de France. Ils sont plus de 4 millions »…« Il s'agit, pour nous tous, de mettre en place et de raffermir les passerelles nécessaires pour que les liens charnels qui lient cette communauté à la terre de ses ancêtres soient renforcés encore davantage. » Ces propos trouvent un écho favorable auprès de cette communauté, dans la mesure où elle souhaite effectivement prendre part à la construction de ces passerelles. Il reste qu'elle a fondamentalement changé, qu'elle est diverse, plurielle dans sa composante sociale, dans ses sensibilités politiques, dans ses parcours, dans son mode de fonctionnement, soucieuse de son autonomie. Plus que d'être « organisée », « mobilisée », « rassemblée », elle demande à être reconnue pour ce qu'elle est et pour pouvoir apporter sa contribution en toute indépendance. Le constat est celui-ci et c'est sa validation qui donnera toute sa pertinence à quelque plan d'action que ce soit. Loin de toute arrière-pensée politique et de calculs politiciens, « elle ne veut plus être caporalisée », elle veut « être dans le dialogue, le débat ». C'est ce qui a été explicitement dit vendredi soir au ministre chargé de la Communauté nationale à l'étranger. Le message a-t-il été entendu ?