Le président et le Premier ministre du Pakistan avaient prévu de dîner au Marriott samedi soir, à Islamabad, quand cet hôtel a été dévasté par un attentat suicide, mais ils avaient finalement changé d'avis, a assuré, hier, le conseiller du gouvernement pour l'Intérieur. Samedi, peu après la rupture du jeûne du Ramadhan, un kamikaze a fait exploser son camion bourré de 600 kg d'explosifs contre la barrière de sécurité de ce grand hôtel, en plein cœur de la capitale, dévastant entièrement cet établissement de luxe et tuant au moins 60 personnes. Le Marriott est situé à proximité du Parlement, où le nouveau président, Asif Ali Zardari, avait fait son premier discours devant les élus dans l'après-midi. « Le président de l'Assemblée nationale avait organisé un dîner au Marriott pour l'ensemble du gouvernement, le chef de l'Etat, le Premier ministre et les chefs de l'armée », a déclaré à la presse le conseiller du Premier ministre pour l'Intérieur, Rehman Malik. « Le Président et le Premier ministre (Yousuf Raza Gilani) ont changé d'avis et le dîner a eu lieu à la résidence du Premier ministre », a ajouté M. Malik. « Tous les dirigeants ont donc échappé à l'attentat », a-t-il conclu, trois jours après le drame. Les enquêteurs, quant à eux, traquaient, hier, une cellule de militants islamistes d'Al Qaïda à Islamabad qu'ils soupçonnent d'avoir perpétré l'attentat suicide. Les policiers pensent que les terroristes ont assemblé leur puissante bombe de 600 kg d'explosifs dans une cachette dans la capitale, parce que tous les camions sont fouillés par la police et l'armée aux entrées d'Islamabad, au travers de check-points installés depuis le début de la vague d'attentats suicide qui a fait près de 1300 morts dans tout le pays et qui est attribuée aux talibans pakistanais proches du réseau d'Oussama Ben Laden. Par ailleurs, les forces de sécurité du Pakistan ont ouvert le feu dimanche sur deux hélicoptères de combat américains qui avaient violé l'espace aérien pakistanais au-dessus des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, ont annoncé, hier, des responsables. « Des forces pakistanaises ont tiré sur deux hélicoptères de combat américains (...) et les ont forcés à retourner en Afghanistan », a déclaré un responsable local des services de sécurité. Les forces américaines en Afghanistan y multiplient les tirs de missiles ciblant les combattants fondamentalistes, mais sans épargner des civils, au grand dam d'Islamabad qui proteste en vain. Le New York Times assurait jeudi que le président, George W. Bush, avait autorisé secrètement en juillet les forces spéciales américaines à mener des raids terrestres dans ces régions, sans l'approbation préalable d'Islamabad. C'est ce qui s'est passé le 3 septembre, quand des hélicoptères américains et probablement des soldats au sol ont attaqué un village, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des enfants. Pire, ces dernières semaines, les tirs de missiles par des drones américains s'abattent quasi-quotidiennement sur des maisons dans les zones tribales, tuant des combattants d'Al Qaïda ou des talibans, mais aussi des civils.