Finalement, si l'Algérie devait attendre une dizaine d'années pour remettre sur la table le dossier de la privatisation du Crédit populaire algérien (CPA), cela ne serait pas intéressant pour votre banque... C'est une sorte de plaisanterie... Aujourd'hui, la situation est mal choisie pour remettre le dossier sur le marché. si cela devait effectivement durer trop longtemps, je me réserverai d'autres clients sur le dossier. Car l'on ne sait déjà pas quelle sera la situation de l'Algérie dans dix ans. Encore une fois, si dans cet intervalle, notre banque devient très significative, il est évident qu'on procédera d'une autre manière. Le fait que les autorités algériennes aient retiré ce dossier privatisation vous a-t-il amené à revoir votre stratégie de développement en Algérie ? Non. On a toujours considéré qu'on était intéressé par le dossier, mais il est vrai qu'on pouvait perdre également. En effet, nous étions plusieurs candidats sur ce dossier. Donc, l'on ne pouvait pas se permettre d'arrêter notre développement dans un pays tout en prétendant être gagnant d'office... sur telle ou telle banque. Allez-vous vous accrocher à cette option de reprise d'une banque publique, alors que par ailleurs, doit-on le dire, votre présence en Algérie se manifeste davantage dans le secteur du commerce extérieur ? Nous ne souhaitons pas nous accrocher à cette option-là, car nous ne connaissons pas la date et la solution sur l'issue du marché. Nous continuons notre développement et l'on souhaite être un acteur dans l'ensemble des secteurs de l'économie algérienne. Nous avions des problèmes à une époque : les banques privées n'avaient pas le droit de travailler avec les entreprises publiques. Il y avait une circulaire à ce propos. Donc, si nous avons la possibilité, nous sommes prêts à travailler avec tous les segments de la clientèle et tous les compartiments de l'économie de l'Algérie. Tout récemment, le chef du gouvernement algérien a souligné le faible engagement des banques étrangères sur le marché algérien, en ce sens qu'elles se sont limitées au financement des opérations de commerce extérieur. Nous ne sommes pas une banque étrangère. nous sommes essentiellement une banque algérienne pilotée par des cadres algériens. Et je souhaite même, à terme, réduire le nombre d'expatriés sur place. Notre modèle partout dans le monde est d'être une banque locale, même si les capitaux sont étrangers. Il ressort de vos bilans que vous êtes - un paradoxe - moins engagés en Afrique et au Moyen-Orient, une région qui enregistre pourtant le plus haut niveau de croissance des richesses dans le monde. Est-ce à dire que vous pariez moins sur cette région ? Ce n'est pas le problème de Société générale. D'abord, nous ne sommes pas présents partout. Ensuite, dans les pays où nous sommes, nous ne limitons pas nos investissements, c'est le marché qui s'autolimite. S'il y a des projets intéressants, nous les financerons bien évidemment, et si nous avons le droit de travailler avec tout le monde, on le fera, y compris avec les entreprises publiques en Algérie. Donc, nous sommes prêts à multiplier nos engagements dans tous les secteurs à condition qu'il y ait conversation... Le monde est en pleine crise financière. Dans quelle mesure risque-t-elle d'influencer négativement le développement de votre groupe, en Algérie comme dans le monde ? Certains pays ont des niveaux élevés de croissance, comme les Etats-Unis ou en Europe de l'Ouest. En Algérie, je crois que le budget était basé sur 19 dollars le baril de pétrole et puis récemment ramené à 37 dollars, cela veut dire qu'il y a encore de la marge... En Algérie, il y a des possibilités énormes de se développer.