Le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) vient d'être relancé par une séance d'ouverture des plis des offres techniques tenue avant-hier à Alger en vue du recrutement d'une banque d'affaires, selon des sources proches de la banque publique. Trois propositions ont été retenues émanant des banques d'affaires internationales : le consortium Rothschild France, un consortium de banques drivé par le groupe Lazar ainsi que la banque d'affaires espagnole Santander. La commission d'évaluation dispose de trois mois pour étudier les offres techniques avant de passer aux offres financières en vue d'une évaluation finale, a indiqué la même source. La banque d'affaires retenue aura à accompagner le processus de privatisation et d'évaluation du CPA et disposera d'un délai de 12 mois pour trouver sur le marché international une ou des banques acquéreuses. Une ouverture de capital de la banque à hauteur de 51% avait indiqué le ministre des Finances, qui avait assuré que l'opération de privatisation du CPA « finira vers la fin juillet 2006 au plus tard ». Une privatisation qui sera « progressive », dit-il, pour « ne pas mettre en péril la place bancaire ». Une véritable course contre la montre semble ainsi engagée d'autant plus que le ministre avait assuré que la privatisation des banques publiques allait être le « point focal » de la réforme financière. Proposé pour une ouverture de capital au même titre que la BNA et la BDL, l'ex-ministre des Finances Abdelatif Benachenhou avait alors justifié son choix par le fait que le CPA a fait l'objet d'une évaluation par un cabinet conseil étranger dans la perspective d'ouverture de capital à un « partenaire stratégique ». Comme il a présenté la banque comme celle présentant une situation financière et comptable « assainie » et « activant dans les secteurs de la PME/PMI au profit essentiellement d'une clientèle privée ». Une opération de privatisation, faut-il le rappeler, chapeautée par la Banque mondiale à l'époque où le dossier de la réforme était confié à Fatiha Mentouri, avant que la démarche ne soit remise en cause. Cela dit, le processus de privatisation du CPA et les assurances du ministre des Finances sont venus contraster avec les conclusions d'experts, à l'image d'un George Moullinax, expert financier et bancaire au sein de l'Office régional d'assistance technique auprès du département américain du Trésor, qui avait déclaré dernièrement à Alger que « très peu de soumissionnaires étrangers sont prêts à reprendre les banques publiques algériennes proposées à la privatisation ». Pour lui, « les soumissionnaires ne sont jamais intéressés par des banques dont les créances sont non performantes ». C'est pourquoi, dit, « il faut commencer par privatiser les meilleures d'entre elles » en soulignant, concernant les créances irrécouvrables ou non performantes, évaluées à quelque 500 millions de dollars pour le CPA, que « c'est au gouvernement de les prendre en charge par le biais du Trésor avant même d'entamer la procédure de privatisation ». Une option contestée, par ailleurs, par certains experts nationaux qui considèrent le recours au Trésor comme un moyen d'endosser aux Algériens, « injustement », la responsabilité de la mauvaise gestion des banques publiques. Créé en 1966, le CPA a hérité des activités gérées auparavant par les banques populaires (Banque populaire commerciale et industrielle à Alger, Oran, Annaba, Constantine) ainsi que d'autres banques étrangères, telles la banque Alger Misr, la Société marseillaise du crédit, la Compagnie française de crédit et la banque CFCB. En 1985, il a donné naissance à la Banque de développement local (BDL) par cession de 40 agences, le transfert de 550 employés et cadres et 89 000 comptes clientèle. Depuis 1996, en vertu de l'ordonnance relative à la gestion des capitaux marchands de l'Etat, les banques publiques sont placées sous la tutelle du ministère des Finances. Le CPA a obtenu, le 7 avril 1997, son agrément du Conseil de la monnaie et du crédit.