Dix-sept personnes ont été tuées et 14 blessées, hier, dans un attentat à la voiture piégée à Damas, l'attaque la plus sanglante en Syrie depuis les années 1980. Le ministre syrien de l'Intérieur, le général Bassam Abdel Majid, a qualifié de « terroriste » cet attentat et affirmé ne pouvoir dire dans l'immédiat qui en sont les responsables. « Il est clair que c'est une opération terroriste qui a visé une région bondée de gens (...) Et malheureusement toutes les victimes sont des civils », a-t-il déclaré à la télévision syrienne. « Lorsque nous aurons des éclaircissements, nous annoncerons les détails » de l'enquête, selon lui. La voiture, bourrée de 200 kilogrammes d'explosif selon la télévision syrienne, a explosé près d'un poste des services de sécurité, à une intersection menant à la fois à l'aéroport international de Damas et à la tombe de Sayyeda Zeinab, un lieu de culte chiite du sud de Damas. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en Syrie depuis les années 1980, à l'époque où des attentats sanglants étaient commis par les Frères musulmans. Ibrahim Darraji, un professeur de droit international à l'université de Damas, a déclaré qu'il était prématuré d'avancer des explications sur la cible exacte de l'attaque. Mais « lorsque des civils sont visés, c'est un acte terroriste », a-t-il ajouté. « (...) La Syrie est visée, que ce soit par des Etats dont les intérêts sont en contradiction avec ceux de Damas concernant les dossiers libanais, palestinien et irakien, soit par des services de renseignement et d'autres groupes qui ont intérêt à porter atteinte à la sécurité de ce pays », selon lui. Des flots de pèlerins chiites en provenance d'Iran, d'Irak, du Golfe et du Liban visitent quotidiennement le tombeau de Zeinab. Le 22 septembre, les autorités libanaises avaient annoncé que la Syrie avait dépêché des renforts militaires sur leur frontière commune au nord du Liban pour des raisons, selon Damas, de sécurité interne. « Près de 10 000 soldats des forces spéciales syriennes ont été déployés dans la région d'Abboudiya sur la frontière avec la Syrie au nord du Liban », avait déclaré un porte-parole militaire libanais. « Damas a affirmé qu'il s'agissait de mesures de sécurité internes qui ne dépassent pas le territoire syrien et qui ne sont nullement dirigées contre le Liban », avait-il poursuivi. Ces derniers mois, la Syrie a connu des assassinats et des incidents de sécurité. En août dernier, un haut responsable de l'armée syrienne, le général Mohamed Sleimane, responsable de la sécurité du Centre d'études et de recherches scientifiques syrien, a été assassiné. Sa mort était survenue six mois après l'assassinat, le 12 février à Damas, d'Imad Moughnieh, un homme-clé des opérations militaires du Hezbollah chiite libanais, tué dans l'explosion de sa voiture. Le Hezbollah a accusé Israël. En juillet, les autorités syriennes avaient réprimé des troubles dans la prison de Saydnaya, l'une des plus grandes de Syrie à une quarantaine de kilomètres au nord de Damas, accusant des « condamnés pour des crimes de terrorisme et d'extrémisme » d'avoir provoqué les violences qui, selon une ONG, ont fait 25 morts.