En l'absence de revendication, l'incertitude était jusque-là totale quant à l'origine de l'attentat, le plus meurtrier depuis les années 1980. L'attentat à la voiture piégée qui a fait 17 morts, samedi à Damas, est le résultat d'une opération suicide commise par un «terroriste» islamiste venu d'un pays arabe voisin, selon les résultats de l'enquête préliminaire publiés hier. En l'absence de revendication, l'incertitude était jusque-là totale quant à l'origine de l'attentat, le plus meurtrier depuis les années 1980, à l'époque où les Frères musulmans perpétraient des attaques sanglantes en plein Damas. «L'enquête préliminaire a montré que la voiture qui a explosé samedi dans le sud de Damas est entrée via un poste-frontière d'un pays arabe voisin et que le terroriste qui la conduisait s'est fait exploser avec», a indiqué l'agence officielle Sana. Le terroriste est lié à «un groupe takfiriste», c'est-à-dire extrémiste islamiste, dont des membres ont été arrêtés en Syrie par le passé, selon l'agence, qui ne fournit pas d'autre précision. La Syrie a des frontières avec trois pays arabes, l'Irak, le Liban et la Jordanie, ainsi qu'avec Israël et la Turquie. Le 22 septembre, les autorités libanaises avaient annoncé que la Syrie avait dépêché en renfort 10.000 soldats sur leur frontière commune, relevant que Damas avait évoqué des «mesures de sécurité internes». La Syrie a connu ces derniers mois divers assassinats et incidents. En août, le général Mohamed Sleimane, responsable de la sécurité du Centre d'études et de recherches scientifiques syrien, a été assassiné. Le 12 février, Imad Moughnieh, haut responsable du Hezbollah, a été tué dans l'explosion de sa voiture à Damas. Enfin, en juillet, les autorités ont réprimé des troubles dans la prison de Saydnaya, l'une des plus grandes de Syrie, accusant des «condamnés pour des crimes de terrorisme et d'extrémisme» d'être à l'origine des violences qui, selon une ONG, ont fait 25 morts. Les attentats-suicide sont toutefois rarissimes en Syrie où les forces de sécurité sont omniprésentes. Mais des attentats à la voiture piégée, commandités à distance se sont produits dans les années 1980. L'agence Sana a précisé que la voiture avait «pénétré en territoire syrien vendredi» et que les enquêteurs étaient en train de «vérifier l'identité du terroriste par un examen ADN». La voiture, bourrée de 200 kilos d'explosifs, a sauté samedi dans une rue passante, près d'un poste des services de sécurité, à une intersection menant à l'aéroport international de Damas et à la tombe de Sayyeda-Zeinab, un haut lieu de pèlerinage chiite. Les dirigeants syriens ont dénoncé une opération «terroriste», le ministre de l'Intérieur Bassam Abdel-Majid soulignant que toutes les victimes étaient «civiles». Au lendemain de l'attentat, les analyses de la presse divergeaient sur les commanditaires. «La liste de ceux qui refusent que la Syrie vive en sécurité et en paix est longue», écrivait le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir. «Elle commence par Israël, passe par les services de renseignements et des milices déployées dans les pays (voisins) et se termine par les groupes (islamistes) qui interprètent mal la religion.» Ryad Kahwaji, analyste basé à Dubaï, relevait pour sa part qu'«aucune partie» ne pouvait «être exemptée de soupçons en raison des intérêts régionaux conflictuels mais surtout à cause de la position régionale contradictoire de la Syrie». «Alliée de l'Iran, elle mène cependant parallèlement des négociations indirectes de paix avec Israël conditionnées, selon l'Etat hébreu, à une prise de distances avec Téhéran», avait-il expliqué. L'attentat de Damas, condamné unanimement par la communauté internationale, intervient alors que la Syrie, accusée par les Etats-Unis de soutenir le terrorisme, sort peu à peu de plusieurs années d'isolement.