Souk Ahras en liesse, ce jour de l'Aïd, cache mal ses misères, malgré l'euphorie perceptible chez les centaines d'enfants affluant des quatre coins de la wilaya pour dépenser leur argent dans un bazar grandeur nature qu'est devenue la ville. L'on y achète jouets et autres gadgets made in China sans trop chicaner sur les prix pour repartir vers son quartier ou son village d'origine les sachets garnis devant les regards inquisiteurs des voisins qui, dans les deux cas, trouveront matière à jaser. Comme à l'accoutumée, des commerces conjoncturels ont pignon sur rue pendant les trois jours de fête. Photographes novices et peu expérimentés, marchands de pétards, fast-foods de fortune, chameliers, voire des animateurs pour enfants déguisés en clowns, bref, tout pour rendre exceptionnelle la fête de l'Aïd et inviter les enfants à dépenser leur argent. De toutes ces activités peu ou prou admises, une seule risque d'appeler à la perversion : Il s'agit des jeux de hasard, proposés à une majorité de mineurs et bambins qui s'agglutinent autour des tables de jeux improvisées pour la circonstance par des adultes qui y trouvent une aubaine. L'ambiance festive qui a régné pendant trois jours n'a pu, cependant, masquer, malgré les efforts des ménages, les signes d'une paupérisation rampante et le regard pensif chez ceux que l'érosion du pouvoir d'achat et les vicissitudes de la vie ont affectés.