L'écrivaine algérienne francophone Assia Djebar est pressentie pour le prix Nobel de littérature, aux côtés du romancier français Jean-Marie Gustave Le Clézio et du Néerlandais Cees Nooteboom. Le verdict sera connu jeudi 9 octobre, le jour où l'Académie suédoise, qui décerne le prix, annoncera l'heureux prix Nobel de littérature 2008. Même si l'Académie suédoise ne laisse rien filtrer pour le moment sur son choix, le nom d'Assia Djebar circule dans les cercles littéraires suédois. Cette romancière de talent prolifique, poétesse et également réalisatrice algérienne, est sans aucun doute parmi les mieux placés pour décrocher ce prix pour lequel elle a été pressentie il y a quatre ans. En effet, Assia Djebar a figuré parmi les premiers noms pressentis pour ce prix en 2004, aux côtés de l'Américaine Joyce Carol Oates. Mais, le lauréat était quelqu'un d'autre : l'Autrichienne Elfriede Jelinek qui a osé faire un roman pornographique au féminin où elle a réglé son compte à l'Autriche, à la quiétude du foyer, à la respectabilité bourgeoise et à la prétendue libération sexuelle. « On ne peut jamais savoir qui ils vont choisir. Chaque année, on essaye de deviner et presque à chaque fois on se trompe », a déclaré à l'Agence France presse Eva Gedin, l'une des responsables de la maison d'édition suédoise Norstedts. Cette année aussi, le nom de Assia Djebar trône en tête. Née en 1936 à Cherchell, en Algérie, Assia Djebar entre à l'Académie française en 2005, devenant ainsi la première et unique personnalité maghrébine à figurer parmi les 40 « immortels » de l'institution. Une place méritée pour cette intellectuelle des deux rives, pionnière de la cause des femmes en Algérie. Son dernier livre, La Femme sans sépulture (2002), est un hommage à une héroïne de la guerre d'Algérie dont les enfants n'ont jamais pu enterrer le corps. Elle a toujours été « résistante » par ses livres. Assia Djebar, de son vrai nom Fatima-Zohra Imalyène, entame sa carrière littéraire en 1957, à 21 ans, en publiant La Soif, son premier roman d'intrigues à coloration saganienne. Une année après, elle publie un deuxième roman intitulé Les Impatients. Des Enfants du nouveau monde à L'Amour, la Fantasia, la romancière fait le procès aux courants rétrogrades de la société. Par son œuvre littéraire, Assia Djebar a toujours milité pour la promotion de la femme en particulier, de la société en général. Romancière prolifique, Assia Djebar est également cinéaste de talent. Après son roman Rouge l'aube en 1967, elle réalise son premier long métrage, Nouba des femmes du mont Chenoua, qui a reçu le prix de la Critique à la Biennale de Venise en 1979. À partir de 1980, elle s'installe à Paris où elle travaille au Centre culturel algérien. En même temps, elle poursuit une carrière littéraire déjà riche en production en écrivant Femmes d'Alger, un recueil de nouvelles devenu, depuis sa sortie, un classique dans de nombreux pays francophones, réédité en 2002 avec des inédits. Elle a également écrit Ombre sultane et Loin de Médine (1987). Assia Djebar a dirigé de 1997 à 2001 le Centre d'études françaises et francophones de la Louisiana State Institute avant d'enseigner à l'université de New York. Elle a reçu plusieurs prix, récompensant son génie littéraire. Entre autres, elle a reçu le Prix Liberatur de Francfort en 1989, Prix Maurice Maeterlinck en 1995, Prix de la paix des éditeurs allemands en 2000, Prix international Pablo Neruda en 2005 et docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d'Osnabrück (Allemagne).Ses livres sont traduits en vingt-trois langues et une vingtaine d'ouvrages en plusieurs langues ont été consacrés à son œuvre littéraire. Lui décerner le prix Nobel de littérature sera le summum de la reconnaissance de son œuvre et de son combat, notamment pour l'émancipation de la femme algérienne.