Le plus prestigieux prix littéraire, le prix Nobel sera décerné le 09 octobre prochain par l'académie suédoise comme chaque année depuis déjà plus d'un siècle. Récompense suprême autant pour sa valeur symbolique que matérielle - 10 millions de couronnes suédoises (1,08 million d'euros), le prix Nobel est convoité non seulement par les créateurs littéraires mais aussi par les nations.Beaucoup de supputations, de charades, de devinettes sont lancées à quelques jours des délibérations du comité ultra secret de l'académie suédoise. Des noms nobélisables circulent déjà depuis la semaine dernière et encore une fois l'écrivaine algérienne d'expression française, Assia Djebbar est citée parmi les favoris. Rien que cette probabilité confère en soi un certain honneur et au pays et à la première maghrébine à avoir accédé il y a trois ans au fauteuil élogieux de l'académie française. Même si ses livres sont selon les libraires d'Alger peu vendus, Fatima-Zohra Imalayène alias Assia Djebbar demeure un grand auteur ayant exploré tous les territoires littéraires, du roman à la poésie en passant par l'essai, le théâtre, l'histoire et même la réalisation cinématographique. Consacrée à plusieurs reprises par des organismes étrangers pour ses écrits et engagements en faveur des libertés des femmes et de la paix dans le monde, Assia Djebbar est une référence dans l'univers littéraire relativement jeune de notre Nation. Elle se définit comme étant une écrivaine qui s'est nourrie aux mamelles d'une culture double, arabe et occidentale : “Ayant reçu mon éducation scolaire dans une institution francophone, j'ai étudié le grec et les langues latines, qui constituèrent dès lors une influence majeure dans mon évolution intellectuelle. Malgré cela, mon affect a toujours été directement lié au monde arabe, à ses traditions, tant sociales que culturelles. Je sais aujourd'hui qu'on peut écrire dans une langue étrangère, l'intégrer à notre imaginaire sans pour autant rompre avec ses racines”, explique-t-elle. Femme de caractère, une battante, Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. Jamais notre pays n'a eu le privilège de recevoir le Nobel dans n'importe quelle discipline qui soit, et le fait que Assia Djebbar soit nobélisable est déjà une consécration en soi. Bien sûr qu'il n'y a pas qu'elle qui est cité parmi les favoris, puisque d'autre noms de grands écrivains circulent sans pour autant que ça soit sûr. Le nom de Jean-Marie Gustave Le Clézio, le romancier français tout autant que la romancière allemande d'origine roumaine Herta Müller ou le poète sud-coréen Ko Un, le Néerlandais Cees Nooteboom…..d'autres qui reviennent régulièrement tel qu'Adonis, le poète syrien pseudonyme d'Ali Ahmad Saïd, l'Australien Les Murray, l'Américan John Ashberry circulent également. Ces supputations qui accompagnent les périodes des prix littéraires se démontent à chaque fois, parce qu'il faut plus qu'une renommée internationale pour rafler le Nobel qui couronne chaque année un auteur pour un fait conjoncturel ou sacré selon la ligne établie pendant une période par l'académie elle-même. Ce que l'on ne peut pas savoir, c'est cette ligne justement qui prend en compte la création littéraire elle-même bien sûr et aussi , l'âge, le sexe, les engagements, les pays ou les continents d'origine, le genre littéraire (poésie ou autre), la langue etc…. Le Nobel a été dans ce sens à chaque fois une surprise comme l'an dernier lorsque le nom de la romancière britannique Doris Lessing fut divulgué alors qu'elle faisait ses courses et alors qu'elle avait plus de 80 ans. La romancière la plus âgée à recevoir ce prix. Selon les pronostics, il peut également s'agir du mexicain Carlos Fuentes ou du Péruvien Mario Vargas Llosa issu tous les deux de continents négligés ces dernières années à savoir l'Afrique et l'Amérique du sud. On pense par ailleurs aux écrivains qui ont de gros tirages à travers le monde tels que les américains Philip Roth ou Joyce Carol Oates, le Japonais Haruki Murakami, l'Italien Antonio Tabucchi.