« Quoi qu'on en dise, les événements d'Octobre 1988 étaient l'expression d'une large revendication populaire en faveur du changement », analyse Abdelhamid Mehri en réponse à une question sur la genèse du 5 Octobre, avant de poursuivre : « On dit que les manifestants n'ont fait que casser et qu'ils n'ont pas réclamé la démocratie. Toujours est-il que le régime mis en place depuis 1962 est sujet à caution. » Pour M. Mehri, l'aspiration à un Etat démocratique est l'un des principes-phares de la proclamation du 1er Novembre 1954. « Le 1er Novembre était l'aboutissement du combat de tous les Algériens et cette règle vaut encore aujourd'hui pour la construction d'un Etat indépendant et d'un Maghreb uni », souligne l'ancien SG du FLN, avant d'ajouter : « La construction de l'Etat démocratique est restée inachevée. Quand j'ai pris la responsabilité du FLN après les événements d'Octobre 1988, j'étais intimement convaincu que le règlement des problèmes de notre pays passait impérativement par l'instauration d'un régime démocratique. Le FLN n'a été qu'une couverture au pouvoir en place et n'était pas responsable de la situation. » Pour lui, « ce qui se passe aujourd'hui est la continuation du 5 Octobre ». « Le message du 5 Octobre est une profonde revendication pour le changement. Un changement que nous avons commencé mais qui a été avorté. Et aujourd'hui, nous assistons à toutes sortes de tentatives pour maintenir le régime en place et cela est une grave erreur politique. Les problèmes du pays ne peuvent être réglés que si l'on appliquait une démocratie réelle. Il n'y a pas de baguette magique. La voie pour y parvenir est d'intensifier la lutte. » S'adressant aux jeunes, Abdelhamid Mehri martèle du haut de ses 82 ans : « Au temps de la Révolution, nous avions votre âge et nous n'avions pas attendu qu'on vienne nous solliciter pour prendre nos responsabilités. Nous avons agi sans demander l'avis de personne. Faites de même. »