Lors d'une conférence de presse tenue en fin de journée, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a affirmé que le gouvernement a déclaré les huit communes de Ghardaïa touchées par les inondations zones sinistrées. Les mesures découlant de cette décision seront annoncées à la fin du conseil du gouvernement consacré à la catastrophe de Ghardaïa, prévu demain, alors qu'un mini conseil ministériel aura lieu jeudi pour finaliser les budgets consacrés à chaque secteur touché par le sinistre. Il est question d'indemnisation, d'aide de l'Etat à toutes les victimes, à travers des crédits, la fiscalité et de nombreuses autres mesures. Ainsi, Ahmed Ouyahia, après avoir donné un petit aperçu de la situation, qu'il qualifie de provisoire, a fait remarquer que des dégâts ont été enregistrés « dans plusieurs autres régions du pays, ce qui a mis les autorités en état d'alerte dès le 30 septembre. L'Etat a assumé ses responsabilités. Seulement, la pluviométrie était très importante à Ghardaïa, ce qui a causé des pertes en vies humaines ». Il a reconnu que des zones demeurent toujours inaccessibles, estimant que cela est dû à la difficulté du terrain. Il a annoncé que la situation s'améliorera progressivement grâce aux mesures prises par le gouvernement, comme la réquisition de 200 cadres dépêchés à Ghardaïa pour assister et aider les autorités locales à gérer la catastrophe. 200 autres, entre ingénieurs et experts du CTC, ont été également envoyés sur les lieux inondés pour expertiser les bâtisses et évaluer les dégâts. « Il est vrai que les réseaux d'électricité, de gaz et d'eau ont été partiellement rétablis, et nous ferons en sorte que chaque foyer sera effectivement alimenté dans les plus brefs délais. Cela demandera du temps, peut-être des semaines ou des mois. » Le chef du gouvernement a regretté que certaines familles n'aient pas accepté les tentes pour des raisons liées à leurs traditions et coutumes. « Si les gens veulent louer des maisons, nous allons les aider financièrement. Nous procéderons également avant le 31 décembre à l'installation de chalets afin qu'aucune famille ne soit à la rue. Nous allons rééditer l'expérience de Boumerdès lors du séisme de 2003. » Il a mis en garde les familles qui ont squatté les écoles en leur disant qu'elles doivent les quitter à l'amiable, sinon par la force de la loi, car selon lui ces établissements doivent revenir aux écoliers. Il a déclaré avoir recensé provisoirement entre 2000 et 3000 sinistrés, « qui seront relogés avant la fin de l'année ». Il a ajouté que le gouvernement a pris des mesures pour lancer la construction d'un programme de logements sociaux et ruraux, tout en affirmant que la priorité reste la réfection des établissements touchés, afin de permettre aux élèves de reprendre les cours, samedi prochain. Selon lui, 28 établissements ont subi des dégâts, dont 4 détruits. Certaines classes seront plus chargées vu la situation et d'autres déplacées, avec la promesse de prendre en charge le transport et la cantine pour les élèves. Dans ce cadre, des classes en préfabriqué seront réalisées, pour peu que les terrains soient dégagés. Ouyahia a noté que le secteur de l'agriculture est le plus touché par cette catastrophe ; ce qui nécessite, selon lui, la mobilisation des commerçants afin de mettre à la disposition de la population les fruits et légumes, en engageant le gouvernement à prendre en charge les frais de transport à partir des autres wilayas. Il a rappelé que la vallée du M'zab est classée patrimoine mondial et, de ce fait, nécessite une révision du programme de sa réhabilitation et de sa préservation. A propos de la construction sur le lit de l'oued, il a indiqué que « le citoyen doit prendre conscience du danger de tels actes en rappelant que les anciens de la région ont toujours construit sur les collines et ne s'installaient à la palmeraie qu'en été ». Il a affirmé que près de 6500 bâtisses ont été inondées, parmi lesquelles 1200 détruites, tout en précisant que ces chiffres pourraient être revus à la hausse après le passage des experts du CTC. Il a mis l'accent sur l'implication des élus locaux, en leur demandant une trêve, le temps de gérer la situation de crise qui prévaut et de reloger les sinistrés. Il a averti que les partis politiques, n'ont pas le droit de décider à la place de l'Etat, seul habilité à décréter les régions zones sinistrées. Il a également appelé les entrepreneurs locaux à s'impliquer dans le plan de relance et a averti qu'il ne tolérera pas les détournements de deniers publics, notamment dans les passations de marchés réalisées dans des conditions très spécifiques. A propos du bilan, il a démenti avoir minimisé le nombre des victimes qui, selon lui, a été arrêté à 33 morts et 49 blessés, précisant que d'ici le 10 octobre, cette liste sera arrêtée définitivement. Pour ce qui est des dons en provenance de l'étranger, le chef du gouvernement a démenti avoir reçu une quelconque aide et averti les associations quant aux demandes qu'elles pourraient formuler auprès de pays étrangers, car ces actions sont interdites par la loi. Interrogé sur l'estimation financière des dégâts, il a jugé trop prématurée cette opération. Selon lui, le gouvernement a injecté 270 milliards de dinars pour la prise en charge du séisme en 2003 de Boumerdès, qui a fait 180 000 sinistrés. « Nous ne sommes pas dans cette situation. Nous avons placé provisoirement la barre à 20 milliards de dinars, en attendant la fin des expertises. La prise en charge s'effectuera de manière rationnelle. Je ne tolérerai aucun détournement… », a-t-il conclu.