Alors, simple phénomène de société ou unique alternative pour trouver satisfaction aux revendications des citoyens ? Une chose est cependant certaine, les attroupements devant les institutions publiques et les sorties en bord de route pour geler toute circulation automobile sont devenus fréquents pour ainsi dire systématiques pour les Constantinois qui, semble-t-il, n'ont pas trouvé mieux pour se faire entendre. Que ce soit pour dénoncer les mauvaises conditions de vie ou encore pour aboutir au dénouement d'un conflit qui oppose travailleurs et employeurs, les habitants de Constantine semblent avoir trouvé la solution la plus efficace pour amorcer un éventuel dialogue ou faire changer une situation qui perdure. Cela étant, ces sorties dans la rue n'ont pas toujours été sans conséquences, puisque de telles situations ont souvent nécessité l'intervention des forces de l'ordre pour disperser la foule et éviter les dérapages. Ainsi, le début de l'année 2004 aura été caractérisé par la sortie sur la route d'El Ménia des habitants des cités Zaouche et Boudraâ Salah, qui, des heures durant, ont paralysé le trafic automobile. Protestant contre les mauvaises conditions de vie qu'ils endurent depuis des années, les manifestants ne dégageront la route qu'après intervention des forces de l'ordre et des autorités locales venues calmer les esprits. Quelques jours plus tard, c'était au tour des habitants de la localité d'El Malha qui, usant de pneus brûlés et de blocs de pierre, sont sortis sur la route pour revendiquer leur droit au branchement au gaz ainsi que le rattachement de leur localité à la commune d'Ibn Ziad. Le premier trimestre de l'année 2004 aura également connu la grogne des habitants de Guettar El Aich, de Bounouara et de la cité 5, qui, en gelant respectivement la RN 75, la RN 20 et la route reliant El Khroub au chef-lieu de la wilaya, espéraient obtenir une amélioration de leur cadre de vie et leur raccordement aux réseaux AEP et au gaz. La saison estivale ne se passera pas non plus sans connaître son lot d'attroupements et de mouvements de contestations. En effet, après le mécontentement des habitants du bidonville Aissani Ammar dans la commune du Khroub et leur rassemblement en sit-in devant l'APC du Khroub au mois de juin, la commune de Hamma Bouziane connaîtra l'un des pires rassemblements de l'année. Sortis pour dénoncer la situation dans laquelle ils vivent, l'attroupement se transformera très rapidement en violents affrontements entre les brigades antiémeute et les antagonistes. Les heurts se solderont par une dizaine d'arrestations et des passages pour de nombreux jeunes devant le juge. Au début de l'automne, les forces de l'ordre ont procédé à une vingtaine d'arrestations parmi des marchands ambulants mécontents d'avoir été interdits de vendre dans l'une des cités de la commune du Khroub. Ces derniers n'ont pas hésité à manifester leur irritation en incendiant des pneus et interdisant tout trafic. A quelques jours d'intervalle, un sit-in organisé par les habitants de Boudraâ Salah concernant leur relogement a vite fait de se transformer en trouble à l'ordre public. Là aussi, dix-sept personnes ont été interpellées par des policiers. En marge de ces attroupements, nombreux étaient les rassemblements devant le cabinet du wali et les institutions publiques. Les plus marquants demeurent le sit-in tenu par les souscripteurs de coopérative Seha en mars 2004, celui des travailleurs de la Sowis au mois de mai, également le rassemblement devant la direction du transport des chauffeurs de taxi en juillet dernier.