Les habitants de Laâziv, commune de Tifra, veulent à tout prix transformer leur village en pôle artisanal et touristique qui compte dans la wilaya de Béjaïa. « Nous voulons développer la vannerie, être indépendants en matières premières et faire de Laâziv, notre village, la capitale de l'artisanat dans la Soummam. L'idée d'instituer dans le village un rendez-vous annuel dédié à la vannerie fait son petit chemin ; nous espérons la concrétiser d'ici l'été prochain » nous disent des villageois. Excellant dans le métier de la vannerie, ils veulent faire de cette activité, non seulement la carte de visite du village mais aussi sa bonne fortune. À l'heure où l'on parle de développement du tourisme et de l'artisanat local, le village, avec la maîtrise qu'il a de l'art de la vannerie et par la diversité de sa production vannière, mérite que les autorités se penchent sérieusement sur son cas. Depuis quelques temps, il est devenu, en effet, la destination prisée des commerçants de différentes régions du pays. Car à Laâziv, toutes les spécialités qui constituent ce métier, qu'elles soient de la grosse vannerie (fauteuils, vans, gros paniers de boulanger..), de la vannerie ménagère (corbeilles, paniers à provisions, dessous de plats …) ou de la vannerie de décoration ou de fantaisie, sont toutes pratiquées admirablement par les enfants du village.Même si tous les villageois sont des vanniers émérites et produisent de grandes quantités d'articles, ils n'arrivent jamais, selon Kouche Farid et Kouche Djamel, deux artisans du village, à satisfaire la demande qui se fait de plus en plus pressante surtout en saison estivale. La raison, selon nos interlocuteurs, est strictement liée au manque de la matière première. Les matériaux utilisés qu'ils soient de production locale comme l'oléastre, le roseau et l'osier sauvage ou d'importation comme l'osier et le rotin, se font très rares. Concernant les matériaux d'importation, comme il n'existe apparemment qu'un ou deux importateurs de ces produits dans tout le pays, les quantités importées une ou deux fois par an s'avèrent insuffisantes et les artisans se retrouvent la plupart du temps en panne de matière première. « C'est à Tizi-Ouzou que je m'approvisionne en osier et en rotin d'importation. D'abord, c'est loin et parfois je ne trouve pas les quantités dont j'ai besoin » affirme un artisan du village. Pour ce qui est de la matière première locale, elle se fait elle aussi de plus en plus rare. Sentant le filon, plusieurs jeunes ont fait du commerce des brins de l'osier presque un métier. Manquant d'expérience et ne voyant que les gains à récolter, ces jeunes récoltent anarchiquement les tiges et les brins de l'osier et du saule et font courir des dangers évidents à l'avenir de ces arbustes dans notre pays. Le saule et l'osier qui se trouvaient naguère abondamment dans la vallée de la Soummam deviennent de plus en plus rares. D'ailleurs, l'une des meilleures espèces de ces salicacées pour le métier de la vannerie « Tissemlalt », qui peut rivaliser facilement avec les produits importés, est tout simplement en voie d'extinction. « L'état doit intervenir pour réglementer la récolte de l'osier, car il y va de l'avenir de la vannerie dans notre pays » nous déclare à ce sujet Kouche Farid. Pour en finir avec cette situation, les artisans de Laâziv pensent que seule la création de plusieurs plantations d'osier local peut mettre un terme au problème de la matière première. « Pourquoi importer de l'osier alors qu'on peut le produire chez nous et de meilleur qualité que celui importé » soupire l'un des artisans qui a, dans un passé récent, tenté vainement d'avoir sa propre plantation. D'aucuns estiment qu'il est grandement temps que les autorités s'intéressent sérieusement au métier de vannier-osiériste qui nous relie avec notre culture et nos traditions au lieu de permettre l'inondation de nos marchés par toutes sortes de « chinoiseries » et d'autres gadgets.